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écrit que cette proclamation, qu’elle suffirait à lui mériter le souvenir et le respect de la postérité.

Il ne poursuivait pas avec moins d’activité son but dans les provinces que dans la capitale. Il n’y avait pas dans tous les États Romains une seule ligne télégraphique ; il se décida à en créer deux : l’une allant de Rome à Ferrare par Bologne et Ancône, l’autre de Rome à Civita-Vecchia, et il en fit immédiatement commencer l’exécution. Violemment et incessamment attaqué par les journaux, il connaissait trop la puissance de la presse pour ne pas s’en servir ; il l’employait avec l’habileté d’un publiciste vieilli dans le métier à expliquer au peuple l’utilité et la moralité des travaux qu’il ordonnait ou des mesures qu’il décrétait. La gazette du gouvernement du 2 octobre, entre autres, contient un article de lui où, expliquant les avantages que la sécurité intérieure et extérieure des États Romains retirerait de l’établissement de lignes télégraphiques, il développait, dans un langage dont l’élévation n’excluait en rien la clarté, ses vues sur les moyens industriels et économiques dont il méditait de faire usage pour renouveler les sources épuisées de la richesse et de la puissance de l’État de l’Église. Au nombre de ces moyens, il plaçait en premier rang les chemins de fer. Il était, au commencement de novembre, à la veille de conclure un traité avec une compagnie pour la construction du premier de ces chemins, de Rome à la frontière de Naples, et il travaillait à déterminer un certain nombre de capitalistes et de villes à s’associer pour en construire d’autres de Ponte-Lagoscuro à Bologne et à Porretta par Ferrare, et de Bologne à Ancône par la Romagne. Il améliorait ou renouvelait les parties défectueuses de la haute administration. Il instituait un bureau de statistique central au ministère du commerce ; il enlevait à la sacrée consulte la direction de l’intendance sanitaire et l’administration générale des hôpitaux, et les concentrait l’une et l’autre dans une division du ministère de l’intérieur, à la tête de laquelle il plaçait un médecin. Il mettait à l’étude, entre les mains de commissions composées par lui-même d’hommes spéciaux qu’il surveillait et qu’il pressait, les questions d’utilité publique les plus urgentes, la question de savoir, par exemple, comment on pourrait améliorer la fabrication et accroître le produit du sel dans les salines de Cervia et de Corneto ; enfin il pensait à établir des chaires d’économie publique et de droit commercial dans les universités de Rome et de Bologne.

Il se connaissait aussi bien en hommes qu’en affaires. Il aimait le talent dans les autres et le recherchait, parce qu’en esprit supérieur, il avait la conscience de pouvoir s’en servir et l’art de le savoir. On a vu que, du premier coup, il avait appelé à lui du fond de la Suisse le général Zucchi. Il y avait depuis quelque temps à Rome, en qualité