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chaudement attaqué à propos de l’organisation actuelle de la police, et le ministre de la justice, sous l’impression de ce débat, vient de contresigner un arrêté pour diviser le royaume en cinq départemens de police. Le ministère de la marine, représenté par un ministre nouveau, M. Ensby, a commencé à réorganiser le personnel de son département ; il paraît disposé à imprimer une impulsion salutaire à la marine hollandaise. Les états de la guerre n’ont point été élargis, malgré les instances de quelques orateurs isolés. Les ministres de la guerre et de l’intérieur, chacun de son point de vue, ont combattu ces idées d’un inutile développement militaire. Jouissant pacifiquement des libertés acquises, appréciant les bienfaits d’une monarchie populaire, le pays ne doit nullement donner à sa force armée un développement extraordinaire. C’est surtout sur un concours général qu’il faudrait compter dans un moment critique ; le sentiment intime de nationalité existe parmi les Hollandais ; il y a plus d’unanimité parmi eux qu’à quelque autre époque de leur histoire ; l’amour d’une sage liberté, de l’indépendance, leur inspire une force réelle. Là où se traduisent ces sentimens, où le patriotisme est dans l’ame de tous, on n’a pas besoin de déployer un appareil de troupes imposant. En définitive, une sage circonspection pourrait être nécessaire, mais une augmentation de forces dans l’état présent des événemens ne pourrait que nuire au pays. — Tel est le sens des paroles pleines d’élévation des deux ministres les plus influens du cabinet hollandais, en présence des opinions qui cherchaient dans l’état actuel de l’Europe un motif à un accroissement des forces militaires de la Hollande.

Les affaires des possessions d’outre-mer ont eu aussi leur place dans les discussions sur le budget. Le ministère aspire à y développer l’industrie privée, dont il ne craint nullement la concurrence pour l’industrie de l’état. Ainsi, en ce moment même, une exploitation particulière des mines d’étain de Billiton marche de pair avec celle du gouvernement à Banka. L’assiette des impôts a soulevé bien des plaintes et servi de thème à bien des projets ; des antagonistes acharnés des accises, des prôneurs d’impôts sur les rentes, sur les revenus, sont entrés en lice contre le gouvernement. Bien que les chambres soient assez incertaines sur le parti à prendre définitivement à ce sujet, en présence du boni du service actuel et des dangers inhérens à tout changement notable dans le système en vigueur, le ministre des finances est sorti victorieusement de la lutte parlementaire.

Le ministère a été moins heureux dans la discussion sur le traité avec la Belgique. Ce traité, signé il y a deux mois, avait soulevé des critiques nombreuses dans les deux pays. En Hollande, on trouvait le principe même de la convention peu en harmonie avec la politique commerciale adoptée en 1850. Bien des intérêts paraissaient être froissés par quelques dispositions du traité, qui a été l’objet de nombreuses réclamations. L’ajournement de la discussion de ce traité a donc été décidé. Le gouvernement belge avait d’ailleurs présenté, le 22 décembre, à la chambre des représentans de Bruxelles un projet de loi contenant l’abrogation de l’art. 10 de la loi du 26 août 1822, et de l’art. 4 de la loi du 21 juillet 1844. L’art. 2 de ce nouveau projet de loi détermine que les pays transatlantiques de provenance sont assimilés aux pays transatlantiques de production pour l’application des droits différentiels établis par l’article 1er, du 21 juillet 1844. Le nouveau projet belge doit nécessairement exercer une in-