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La clôture du Salon a été signalée dans les ateliers par un redoublement d’activité. Les uns ont achevé l’œuvre commencée ; d’autres, en dépit des préoccupations politiques, se sont lancés dans de véritables entreprises. Le public a déjà pu apprécier quelques-uns des résultats de cet énergique mouvement. Le Guillaume-le-Conquérant de M. Rochet, statue équestre en bronze d’un jet vigoureux, mais dont l’exécution dénote un peu de précipitation ; le Marceau de M. Préault, bronze vraiment héroïque et qu’anime ce souffle martial qui jeta, il y a un demi-siècle, toute une génération à la frontière, ont été provisoirement exposés sur les places de la capitale et depuis ont été inaugurés, l’un à Falaise, l’autre à Chartres. Les Deux Siècles de M. Duret, ces colosses d’un aspect si imposant, ont été placés à la porte du tombeau de Napoléon, où les douze grandes Victoires de M. Pradier les avaient devancés. Jamais capitaine, jamais empereur n’aura été entouré, vivant ou mort, d’une garde plus héroïque et plus majestueuse. Les magnifiques bas-reliefs que M. Simart termine, et qui doivent décorer les parois de la crypte funéraire, seront le digne complément d’un travail qui mérite à lui seul une étude toute particulière.

La création du musée de Versailles sera une des gloires du dernier règne. L’idée de cette collection fut, il est vrai, conçue vers la fin du XVIIIe siècle, au milieu de la tourmente révolutionnaire, et comme moyen peut-être de sauvegarder cette habitation royale. Le roi Louis-Philippe eut du moins le mérite de la mettre à exécution, bien qu’un peu hâtivement sans doute. Cette création n’a pas été abandonnée. L’administration nouvelle, sans disposer des mêmes moyens que la liste civile, — obligée de faire face à des nécessités de toute nature et de répartir ses ressources sur toute l’étendue du pays, — a voulu néanmoins continuer l’œuvre commencée. Les statues en marbre de trois maréchaux, Macdonald, Oudinot et Bugeaud, exécutées par MM. Nanteuil, Jean Debay et Dumont, et du jeune marin Viala, œuvre du ciseau de M. Matthieu Meunier, la statue de Chateaubriand par M. Duret, et les bustes de plusieurs personnages célèbres, parmi lesquels on distingue les généraux Bréa et Corbineau, l’amiral Leray, le comte Mollien, vont enrichir les galeries de sculpture du palais et compléter ses collections.

Parmi les principaux ouvrages de sculpture qu’on termine en ce moment, nous signalerons encore les deux grands groupes de MM. Etex et Clesinger : le premier a représenté la Ville de Paris implorant la miséricorde divine sur les victimes du choléra ; le second, le Christ mort, la Vierge et la Madeleine, vaste composition qu’il a complétée au moyen d’un magnifique bas-relief de la Cène qui doit former le devant de l’autel, sur lequel la Pietà doit être placée, et de deux anges éplorés qui seront placés à chacune des extrémités du même autel. Ces deux