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aux inconvéniens du nouveau système dans les avantages que pourront lui procurer des traités de commerce.

Quand l’établissement des chemins de fer aura opéré en Suisse la transformation des intérêts agricoles, c’est en France que plusieurs des principaux cantons devront chercher de nouveaux débouchés. Quelques chiffres tirés du rapport de M. Coindet prouvent que ces cantons ont droit à une réciprocité que la Suisse n’a pas encore obtenue. Au point de vue de la consommation, la Suisse est, à l’égard de la France, le troisième état dans le monde commercial. Elle reçoit pour 35 à 36 millions de produits français et ne vend à la France que pour 16 à 17 millions des siens.

En 1840, les importations générales de la France en Suisse ont été de :


Fr.
40,597,297 produits naturels
50,255,142 objets manufacturés
90,852,439

Les importations générales de la Suisse en France ont été de :


Fr.
23,399,836 matières premières nécessaires à l’industrie,
2,554,717 objets de consommation naturels,
44,104,509 objets manufacturés
70,059,062

Mais dans ces deux tableaux, si l’on prend seulement les objets provenant du pays qui exporte, les sommes s’établissent ainsi :


fr.
La France a importé de ses produits en Suisse pour 35,658,733
La Suisse a importé de ses produits en France pour 16,924,051
Différence en faveur de la France 18,734,682

La France fournit à la Suisse près du double de ce qu’elle en reçoit. Il y a plus : dans les importations de la France, les marchandises fabriquées sont dans la proportion de 86 pour cent de la somme totale ; dans les exportations de la Suisse, ces marchandises n’entrent que dans la mesure de 40 pour cent. Or, est-il besoin de le dire ? sur les objets manufacturés, les bénéfices sont beaucoup plus considérables que sur les produits naturels. Cette différence si défavorable à la Suisse est encore aggravée par l’effet des douanes françaises c’est ainsi que dans une même année on voit la Suisse exporter en France pour 1,300,000 francs de peaux brutes et recevoir de la France pour 800,000 francs de cuir ouvré. La Suisse n’aurait-elle pas eu plus de profit, si ces peaux avaient été travaillées chez elle ? Mais la douane française admet à bas prix les peaux brutes comme matière dont elle a besoin, et frappe de droits équivalens à une prohibition le cuir ouvré, parce qu’elle ne veut pas de concurrence chez elle pour une marchandise dont elle prétend cependant fournir les marchés de la Suisse.

Et qu’on ne croie pas, jugeant des intérêts commerciaux par le chiffre comparé des populations, que la Suisse soit pour la France un débouché de minime