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tout ce qu’il y vit alors s’y trouve encore aujourd’hui, comme l’atteste une récente description, insérée dans une revue néerlandaise[1]. Le Jolle signale, entre autres curiosités du nouveau labyrinthe, deux groupes automatiques représentant le roi David. Dans l’un, le prince joue de la harpe, et un ange, quand l’air est fini, vient lui présenter une couronne ; dans l’autre, le roi danse devant l’arche d’alliance que portent les lévites. L’ancien Doolhof, beaucoup plus vaste que le nouveau, offre une suite de statues historiques dont plusieurs sont à ressort. À côté de Cromwell, du roi de France Henri IV, de Guillaume de Nassau, de Gustave-Adolphe, de la reine Christine, de Guillaume-le-Taciturne, on voit Guillaume III qui se lève et se rassied, un musicien qui joue un air sur l’orgue, tandis que le géant Goliath remue la tête et roule des yeux effrayans. Près du colosse est assise sa femme Walburge, robuste gigantesse, dit Le Jolle, qui berce sur ses genoux :

Son fanfan
Tout aussi gros qu’un éléphant.


Un peu plus loin, Sémiramis fait son entrée dans Babylone, et la reine de Saba défile avec un nombreux cortége devant le trône de Salomon. La plus récente et, en même temps, la plus intéressante de ces figures automatiques est celle du jeune et héroïque lieutenant de marine Van Speyk, qui, pendant le dernier siège d’Anvers, commandait une chaloupe canonnière de la flottille chargée de défendre l’entrée de l’Escaut. Ce bâtiment, entraîné par un gros temps au milieu des nôtres, fut sommé de se rendre ; mais Van Speyk, plutôt que d’amener son pavillon, tira un coup de pistolet dans les poudres et se fit sauter le 5 février 1831. Le brave commandant redresse sa tête avec fierté ; d’une main il agite un drapeau, de l’autre il tient son pistolet. Nous soupçonnons le rédacteur du Leeskabinet, à qui nous avons emprunté ces détails, d’avoir un peu exagéré les curiosités du Doolhof ; mais, devant cette dernière figure, nous concevons que l’écrivain patriote s’abandonne à un élan d’orgueil national, et qu’il exhorte les habitans d’Amsterdam à conduire leur jeune famille à une aussi bonne école.


V. – MARIONNETTES DEPUIS L’ETABLISSEMENT DES THEÂTRES REGULIERS JUSQU’A LA QUERELLE DES COMEDIENS ET DES CONSISTOIRES (1680-1690).

L’établissement du théâtre, sous la forme qu’on lui voit aujourd’hui, date, en Allemagne, des premières années du XVIIe siècle. Jusque-là on n’avait connu, au-delà du Rhin, que les grands échafauds où les confréries représentaient des mystères, et les tréteaux plus modestes où les Meistersinger exécutaient des jeux de carnaval composés par des

  1. Het Leeskabinet, n° 5.