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Belgique s’était habituée à se voir traitée avec faveur par la conférence ; elle prit une attitude belliqueuse et fut soutenue par le cabinet français. La Hollande en fut alors à se demander de qui elle avait le plus à se plaindre ; ou du cabinet des Tuileries, qui, dans la question belge, s’écartait de son système de justice, de modération habituelle, ou de l’opposition française, qui s’était emparée de la question belge pour la dénaturer, pour la dénaturer, comme la question grecque et comme tant d’autres.

La conférence de Londres ne pouvait revenir sur les clauses territoriales du traité du 15 novembre sans le remettre de nouveau en question ; mais elle consentait à une révision des clauses financière. Elle avait à se décider entre trois voies distinctes : elle pouvait maintenir le à chiffre précédemment arrêté d’un tiers de la dette commune, non seulement comme la représentation de l’ancienne dette des gouvernemens autrichien, français, néerlandais, mais encore comme l’a juste part des charges d’une communauté de quinze ans dont la Belgique avait retiré de nombreux bénéfices ; ou bien, en rejetant le chiffre déjà arrêté, elle devait procéder à une révision complète des rapports financiers bien compliqués des deux pays pour arriver à fixer la part de chacun, tant au moment de la réunion qu’au moment de la séparation. La conférence ne fit ni l’un ni l’autre. La volonté de la France et de l’Angleterre fit écarter l’ancienne base, et prévaloir par voie de transaction un chiffre moyen. Dans sa séance du 18 octobre 1838 les plénipotentiaires, réunis à Londres, rejetèrent le système d’une révision complète de la dette, et adoptèrent celui compensation réciproque ; ils fixèrent la part de la Belgique à la somme de 5 millions de florins en l’exonérant des arrérages échus, qui s’élevaient au chiffre total de 64 millions et demi ; ils décidèrent aussi qu’aucune modification ne serait admise dans les stipulations territoriales. Ces résolutions furent aussitôt notifiées à Bruxelles et à La Haye. Le roi Guillaume avait accepté le traité dans sa rédaction primitive : il pouvait le refuser dans sa rédaction nouvelle. La conférence, dans cette prévision, M. Dedel, qu’en cas de refus du cabinet de La Haye, elle cillerait au maintien de la paix matérielle entre les deux pays ; elle parlait un langage encore plus menaçant à M. van de Weyer. Contre l’attente générale, le roi envoya, dès le 4 février 1839, à ses plénipotentiaires de Londres l’ordre de signer le traité. L’agitation qui régnait alors en Belgique lui faisait peut-être espéré que les clauses en seraient rejetées par les chambres belges ; mais le contraire arriva, le parlement belge accepta le traité les 19 et 26 mars 1839. Guillaume se vit dès lors dans l’impossibilité d’opposer une plus longue résistance à la volonté des cinq puissances, et la question soulevée par les événemens de 1830 à Bruxelles se trouva résolue après un débat diplomatique de près de dix ans.