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LA VÉRITABLE CAUSE


DE LA CRISE SOCIALE.





I. Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle, par M. P.-J. Proudhon; Paris, 1851.
II. La Souveraineté du Peuple, essai sur l’esprit de la révolution, par M. P. de Flotte, 1851.




Il y a près d’un an déjà que nous lisions dans la correspondance d’un homme d’esprit et de bon sens ces paroles si justes et si effrayantes : « Le mal de la France est un mal très compliqué; lorsqu’on applique le remède d’un côté, la plaie reparaît de l’autre, si bien que le remède, dirait-on, ne sert qu’à transporter le mal dans les parties saines du corps social et à le promener dans tous les organes, afin qu’aucun ne soit pur d’infection. » En effet, le mal qui nous tourmente ne guérit pas, il se transforme, et nous fait faire l’essai de toutes les souffrances. Aujourd’hui encore, quel choix avons-nous autre que celui d’une plus longue convalescence, ou d’un renouvellement plus actif de nos douleurs? Mais si notre guérison est si lente, ne serait-ce point parce que nous n’avons pas le courage de remonter à la source du mal, de déterminer sa cause une fois pour toutes? Chacun de nous a des illusions qu’il caresse, au moyen desquelles il endort sa souffrance, dans lesquelles il puise la consolation et l’espoir; étudiez bien ces illusions, et vous apercevrez que beaucoup d’entre nous sont en partie malades, parce que la cause de leur maladie leur est chère. Nous aimons nos plaies, cela nous pose en martyrs; mais, semblables à ce personnage de Térence qui était surnommé le bourreau de lui-même, nous ne sommes que les martyrs de nous-mêmes. Que n’a-t-on pas dit contre les Werther, les Byron, les