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suspendus. Aujourd’hui, l’exploitation se borne donc à peu près à des lavages qui varient suivant les terrains sur lesquels on opère. On compte trois principales strates aurifères : la première, qui porte le nom de Venerillo, se compose d’argile et de sable mélangé de pierres sur une épaisseur de 2 à 7 vares (1 m. 60 c. à 5 m. 60 c.), et contient de l’or fort disséminé; la seconde, nommée Venero, est une couche de terre d’une épaisseur de quelques pouces produisant jusqu’à une demi-once d’or sur 125 livres de terre; la troisième est une mince couche de terre qui repose sur ce qu’on appelle le plan. On nomme ainsi un puddingstone mélangé d’argile au-dessous duquel on ne pousse jamais les travaux. C’est là que se trouvent la plus grande quantité d’or et les pépites les plus considérables, et qu’on rencontre les manchas, qui font la fortune du chercheur d’or. Quand le torrent, pendant la saison des pluies, entraîne le sable mélangé de métal, ce dernier plus pesant s’amoncèle dans les creux formés par les inégalités de la roche sur laquelle roulent les eaux et y reste déposé jusqu’à ce que la pioche vienne le découvrir : ces creux se nomment manchas, et il n’est pas rare qu’une moitié ou les deux tiers de ces cavités soient remplis d’or pur.

Les travaux d’exploitation se divisent en trois classes : ceux de playa simple, — ceux de playa de banqueria, — ceux de cocheo. Les premiers s’opèrent au bord de la rivière, sur les terrains d’alluvion, qui souvent sont encore couverts d’eau. On ôte la couche qui recouvre la strate aurifère soit par des travaux manuels, soit en jetant sur ces terrains un fort courant qui entraine la superficie, et met ainsi à nu la couche exploitable. On retire alors toute la couche aurifère, d’où l’on extrait soigneusement toutes les pierres, et on la dispose en tas. Quand une quantité suffisante est accumulée, on la transporte à un canal creusé à cet effet, et donnant passage à un courant d’eau dont la vitesse est calculée de manière à entraîner la terre et à laisser l’or se déposer. Pour empêcher la déperdition de ce métal, on étend au fond du canal une toile sur laquelle on dispose des pierres, dont la partie aiguë est en l’air : l’or, frappant contre ces obstacles, s’arrête entre les pierres, et, deux ou trois fois par jour, on lève la toile et on retire l’or.

Les travaux de banqueria ont lieu tantôt au milieu de la rivière et tantôt sur ses bords. Le terrain exploité présente, immédiatement au-dessous du sable du lit de la rivière, une couche de 6 à 7 mètres, composée d’énormes morceaux de granit. Ces morceaux étant d’une dimension trop considérable pour être extraits comme dans les travaux de playa simple, on est forcé, quand la couche de granit est au milieu de la rivière, de détourner les eaux avant de creuser les puits d’exploitation. Si le granit est sur les bords, on y fore des puits de 20 à 30 vares de diamètre (16 à 24 mètres), que l’on conduit jusqu’au plan. On ouvre alors des galeries qui remontent la déclivité du rocher, et au moyen desquelles on extrait la couche aurifère.

Le terrain de banqueria se décompose en 5 vares (4 mètres) de sable fluvial, — 8 vares (6 mètres 40 cent.) de bancos ou pierres de granit, — 1 demi-pied de venerillo, — 2 vares (1 mètre 60 cent.) de tiquita, pierres anguleuses mêlées d’argile, où on ne trouve pas d’or, — 3 vares (2 mètres 40 cent.) d’argile bleue; — puis enfin se présente le venero, qui repose sur le plan et dont l’épaisseur est très variable, suivant les accidens du rocher qui lui sert de base.