Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 11.djvu/753

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Les États-Unis ont, en apparence, accordé une réciprocité complète. On doit cependant convenir qu’en prétendant faire considérer toutes leurs nouvelles acquisitions, tous les port de la Mer Pacifique, comme une simple continuation de leur littoral, comme le domaine du cabotage, et en les fermant, à ce titre, à la concurrence anglaise, ils ont poussé bien loin l’esprit de subtilité habituel à frère Jonathan. Les colonies anglaises leur sont ouvertes. Ils n’ont point, eux, de colonies, et par conséquent aucune concession analogue à faire à qui que ce soit. La Californie semblait devoir être offerte par eux en dédommagement ; mais point ! La Californie, ont-ils dit, n’est qu’une de nos côtes. Vous pourrez y aller aux mêmes conditions que nous, si vous venez d’Angleterre ou d’un port étranger ; vous n’irez point, si vous partez, de New-York ou de tout autre de nos ports ; car alors ce serait du cabotage, et le cabotage reste, comme chez vous, en dehors du marché. — Quel avantage a donc obtenu l’Angleterre avec les États-Unis ? Par ses traités antérieurs, elle avait le droit de faire de la navigation directe, c’est-à-dire des ports anglais aux ports américains, sur le même pied que le pavillon étoilé. Elle ne gagne en réalité que le droit nouveau d’être traitée à l’égal de ce pavillon, alors même que ses navires viendraient des ports d’une tierce puissance. C’est quelque chose sans doute, les faits déjà accomplis le prouvent ; mais c’est moins, évidemment, qu’elle n’a accordé elle-même, puisqu’elle a livré ses nombreuses colonies à l’exploitation des navires américains.

Ainsi de ce côté il y a eu mécompte. Du côté de la Hollande, il semble qu’elle ait été mieux traitée. En fait, elle l’a été plus mal encore. Sans doute, la nouvelle loi rendue en Hollande pour donner force au traité conclu avec l’Angleterre place sur un pied d’égalité à peu près complète les navires des deux pays : les colonies d’Asie ne sont point exceptées de cette clause ; mais l’exploitation commerciale des colonies d’Asie appartient en monopole à une compagnie hollandaise, la Maatschappij. Cette compagnie tient les clés de Java, de Sumatra, de Bornéo ; On n’y entre et on n’en sort que sous son bon plaisir. Et la loi aura beau dire que les navires anglais devront être traités à l’égal des navires hollandais, elle n’empêchera pas cette association puissante, si fortement imprégnée de l’esprit national, composée de négocians qui tous ou presque tous, sont armateurs et propriétaires de navires, de donner, pour les transports à effectuer chaque année, la préférence au pavillon hollandais. C’est donc là une égalité toute nominale. On peut l’écrire sur le papier, on ne la fera point entrer dans les faits, du moins aussi long-temps qu’existera l’organisation actuelle de la Maatschappij.

Ainsi, le traité avec la Hollande, autre mécompte.

Est-on plus heureux du côté du Nord ? L’assimilation au pavillon