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1852


ET


LA REVISION


DE LA CONSTITUTION.




On dit assez ordinairement que les temps de révolution sont le règne de l’imprévu ; c’est même un prétexte dont beaucoup d’honnêtes gens usent complaisamment pour se dispenser de songer au lendemain, sauf à se plaindre ensuite, s’il arrive malheur, d’avoir été pris par surprise. Pour cette fois, la Providence a trouvé bon de se mettre en règle contre leurs plaintes. À la veille du plus grand danger qui les ait jamais menacés, elle a daigné leur faire connaître le jour, l’heure, et, dans ses moindres accidens de terrain, le lieu où ils pouvaient périr. Elle a jugé à propos d’annoncer une des plus formidables crises politiques qui aient jamais plané sur une nation, non pas par ces vagues pressentimens qui d’ordinaire devancent les révolutions, mais en deux ou trois articles parfaitement clairs, inscrits dans la loi fondamentale du pays. Elle a laissé pendant trois ans cette menace se dresser devant nos regards et peser sur nos têtes sans un nuage pour l’obscurcir. S’il y a de l’imprévu cette fois pour quelqu’un, c’est pour ceux qui ne veulent pas voir. Vienne maintenant le moment redoutable qui s’avance à pas comptés, il n’y aura pas moyen de s’en prendre à la force