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social à peine raffermi une exubérance d’activité et de sève, mais au jour le jour et argent comptant, comme on fait des marchés sous la tente. Le crédit a disparu des transactions, et laisse un vide immense dans le commerce ainsi que dans l’industrie.

Le revenu de l’état obtient sa part de l’amélioration générale. En 1850, le produit des impôts indirects a excédé de 46 millions les évaluations portées au budget. Sans la part d’accroissement qui résulte des nouveaux droits de timbre et d’enregistrement, on pourrait dire que le revenu public a retrouvé le secret de cette force impulsive qui en déterminait, avant le temps d’arrêt marqué par la disette de 1847, la progression périodique.

En même temps et par un mouvement parallèle, les annulations de crédit compensaient, en partie du moins, les additions de dépense. On voyait s’atténuer, pour ainsi dire jour par jour, les découverts légués par les années antérieures. C’est ainsi que le déficit de 1849, évalué d’abord à 290 millions, ne figurait plus que pour une somme de 249 millions dans la dernière discussion du budget, et tombe aujourd’hui à 202 millions.

Dans son rapport sur le budger des recettes pour l’année 1851, M. Gouin estimait que le découvert total, à la fin de 1850, serait de 638 millions, allégé jusqu’à concurrence de 38 millions par la négociation des rentes que le trésor avait trouvées dans le portefeuille des caisses d’épargne. L’évaluation présentée un jour plus tard, dans la séance du 17 juillet, par M. le ministre des finances faisait descendre ce découvert à 682 millions, qui devaient se réduire, moyennant 15 millions de crédits annulés et 42 millions d’accroissement dans les recettes, à 575 millions. Dans l’exposé qui précède le budget de 1852, M. de Germiny le ramène à la somme de 571 millions, dont voici les élémens :


Anciens découverts, y compris la compensation due aux caisses d’épargne 260,870,000 fr
Découvert de 1848 3,005,000
Découvert de 1849 202,000,000
Découvert de 1850 105,507,500
Total 574,383,100

Dans la séance du 13 février dernier, M. Fould, admettant de nouvelles annulations de crédit pour l’année 1850, n’en portait le découvert qu’à 79 millions. M. Passy l’évaluait à 91 millions, comme organe de la commission des crédits supplémentaires. En partant de cette donnée, qui est la dernière et, qui semble la plus large, on, voit que les découverts, à la fin de 1850, se réduisent à la somme de 557 millions :