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54 millions sterling (1,350 millions de francs, qui représente les dépenses annuelles, y compris les frais de perception, l’intérêt tant de la dette fondée que de la dette flottante exige un prélèvement d’environ 28 millions, ou de 52 pour 100. depuis l’année 1830 jusqu’à l’année 1851, en pleine paix et malgré une prospérité sans exemple, l’Angleterre a augmenté le capital de sa dette de 27 millions sterl.[1]. On a beau réduire le taux de l’intérêt pour des conversions successives, l’accroissement non interrompu du capital a ramené la charge annuelle de l’état au même niveau qu’elle atteignait il y a vingt ans. Est-il possible, est-il normal, est-il juste de suivre plus long-temps cette politique imprévoyante et égoïste ? Quand on emprunte dans les temps difficile, n’hésite pas pour rembourser ou tout au moins pour amortir dans les époques de prospérité ? La théorie des emprunts repose sur ce principe, qu’une nation a le droit d’appeler les générations futures à contribuer à des dépenses qui assurent leur bien-être ou qui préparent leurs grandeurs ; mais, après tout, la génération présente, qui participe aux résultats, doit prendre également sa part des sacrifices. Avant d’avoir réduit les dépenses, elle ne peut pas songer à diminuer les ressources, à modérer ou à supprimer les impôts.

Il y a deux manières de procéder à la réduction des dépenses : la première consiste à racheter le capital de la dette publique en y employant l’excédant idéal des recettes ; la seconde à opérer des économies sur les frais qu’entraînent le maintien de la force publique et l’administration du pays. Une bonne et sage politique mène de front ces deux méthodes. La dernière en tout cas, a été largement pratiquée par le gouvernement anglais. En 1813, au plus fort de sa lutte contre l’empire, les dépenses de l’Angleterre s’élevaient à la somme prodigieuse de 108,397,645 livres sterligng (2,610,000,000 de francs) ; l’armée, la marine, l’administration et les subsides de guerre absorbaient alors 78 millions sterling, environ 2 milliards de notre monnaie. En 1817, les dépenses des services civils et des services militaires furent réduites à 22 millions sterling[2], pour remonter à près de 26 millions en 1827. en 1830, le chiffre de ce budget descendit à 18 millions ; en 1835, grace aux réformes accomplies dans le personnel par les whigs, à la suppression des sinécures et à la diminution des forces de terre et de mer, la dépense ne fut que de 15,884,649 livres sterling. En 1840, la rupture des bonnes relations avec la France reporta le chiffre à près de 20 millions, et à plus de 21 millions en 1843 et de 26 millions en 1846. Il a été de 20 millions en 1850, et pour l’année 1851, le chancelier de l’échiquier propose une réduction de 500,000 livres sterling.

  1. L’Angleterre, dans cette période, a emprunté 35 millions sterling et en a racheté 8.
  2. Sans compter les frais de perception des impôts, évalués à 4 millions sterling et demi en moyenne.