Page:Revue des Deux Mondes - 1851 - tome 10.djvu/334

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

HISTOIRE FINANCIERE.




DE LA SITUATION FINANCIERE ET DU BUDGET DE 1852.




La situation financière de l’Europe à l’ouverture de l’année 1851 ne paraÏt pas moins sombre que l’état des relations politiques. Il n’y a pas un budget si l’on excepté celui de la Grande-Bretagne, qui ne se solde en déficit. Partout les ressources de l’impôt deviennent insuffisantes ; après avoir usé et abusé du crédit, les gouvernemens se voient dans la nécessité d’y recourir encore. En 1849, la Russie a augmenté sa dette, tant extérieure qu’intérieure, d’environ 200 millions de francs (50 millions de roubles d’argent). À l’autre extrémité de l’échelle politique, le Piémont, dont le revenu ne s’élève pas à 100 millions par année, a émis, depuis 1848, environ 11 millions de rente 5 pour 100, sans compter les 3 millions de rente donnés en garantie à l’Autriche. Trois années d’agitations politiques ont amené dans le budget de la Prusse un déficit de 52 millions de thalers (193 millions de francs), à quoi il faudra nécessairement ajouter les dépenses de la levée en masse qui a réuni cinq cent mille hommes sous les armes dans les derniers mois de 1850. Quant à l’Autriche, de novembre 1848 à novembre 1849, elle, a dépensé le double de son revenu. En dix-huit mois, et jusqu’au 31 janvier 1850, l’armée ayant été portée à six cent mille hommes, déficit s’élevait à plus de 577 millions de francs (222 millions de florins). Le cabinet de Vienne a mis en usage, pour dominer cette difficulté, les expédiens les plus héroïques : l’emprunt, la conversion obligatoire