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Les brocs noirs de cidre mousseux,
La galette fumante.

Et la meunière, au grand œil noir,
Belle sans vouloir l’être,
Invite chacun à s’asseoir
À ce festin champêtre.

Puis, vers le soir, l’heureux moineau,
Niché dans le vieux lierre,
Vient becqueter le blé nouveau
Aux doigts de la meunière.

De cet hospitalier moulin
Agent toujours fidèle,
Le vent accourt chaque matin
Faire tourner son aile.

A son tic-tac l’oiseau s’enfuit,
L’herbe sèche frissonne,
Et je ne sais quel léger bruit
Dans la chambre résonne.

C’est le moment où tous les yeux
S’entr’ouvrent pour sourire.
Pourquoi chacun est-il heureux ?
Ah ! qui pourrait le dire ?

Pour moi, si j’aime ce séjour,
Ce n’est, je vous le jure,
Ni séduit par toi, fol Amour,
Ni par vous, ô Nature !

C’est que, sans apporter de grain
Et sans humble prière,
L’indigent y reçoit son pain
Des mains de la meunière.

JULES L.


Il serait facile de prouver que la crise où le pays est en ce moment plongé est intellectuelle autant que politique, et peut-être pourrait-on démontrer aussi facilement que, si la crise politique a tant de gravité, c’est par la raison que l’intelligence a trop vite abdiqué ses privilèges et son rôle. Ce fait est trop clair pour n’avoir pas été saisi par les hommes considérables de l’Université auxquels