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obélisques de grande dimension, comme ceux de Louqsor, de Karnak, d’Héliopolis et d’Alexandrie.

C’est encore lui qui fit construire entièrement à Memphis un temple d’Isis, qu’Hérodote qualifie de grand et de très digne d’être vu, qualifications qu’il ne donne à aucun autre, et qui supposent un édifice d’une grandeur et d’une beauté particulières.

Il construisit de plus entièrement un temple de Minerve à Saïs, des propylées qui surpassaient de beaucoup, dit Hérodote, tous les monumens de ce genre, tant par leur élévation et leur grandeur gîte par la grosseur et la qualité des matériaux. L’historien met sans hésiter ces propylées au-dessus de ceux qu’on voyait dans le reste de l’Égypte ; ils devaient donc surpasser tout ce qu’il avait vu à Thèbes en ce genre. Ces propylées gigantesques étaient d’ailleurs ornés de colosses d’une grande dimension, et de sphinx d’une longueur considérable ; ce qui signifie clairement qu’après avoir construit un de ces pylônes plus grands que ceux de Karnak, il fit élever en avant, selon l’antique usage, deux énormes colosses assis, qui précédaient une avenue de grands sphinx. Ainsi l’œuvre d’Amasis fut complète. Il acheva ces magnifiques propylées avec toutes ses dépendances, n’y laissant rien à faire à ses successeurs. Le verbe έςεπόίησε qu’emploie Hérodote à propos de cet édifice offre une grande propriété d’expression, et je ne dois pas négliger de remarquer qu’il a dit de même, à propos du temple d’Isis à Memphis, ςοιχοδομήσας, pour faire bien entendre qu’à l’égard de ces grands travaux, Amasis ne fit pas comme tant d’autres rois qui commençaient les temples, mais ne les finissaient pas. Lui, il finissait ceux qu’il entreprenait et terminait ceux des autres[1]. En effet, Hérodote ajoute qu’Amasis fit encore transporter à Saïs des pierres énormes pour réparer ou compléter, bien entendu les édifices qui en avaient besoin ; les unes venaient des carrières situées vis-à-vis de Memphis, par conséquent de celles d’où furent tirées les pierres des pyramides et de leur revêtement ; les autres, qui étaient encore plus grosses, et provenaient d’Éléphantine, devaient être d’énormes blocs de granit rose. La richesse, comme la grandeur de ces matériaux, petit donner une idée de l’importance des agrandissemens ou des embellissemens qu’Amasis ajouta aux édifices de Saïs.

Mais ce qu’Hérodote admire encore plus que tous ces grands travaux, c’est une chambre monolithe, ayant 21 coudées (11 mètres) de long, 14 coudées (7 mètres 38) de large et 8 de haut (4 mètres),

  1. Herod., II, 175.