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REVUE. — CHRONIQUE.

cipe de la négociation relative au rappel des traités de 1831 et 1833 ; il devra dire ce qu’il attend, dans l’intérêt du travail national, de l’intimité établie avec la France. Les assurances antérieures de sir Robert Peel seront pour lui une source d’embarras dont il y aurait de sa part bien du désintéressement à ne pas rejeter une partie sur notre propre cabinet. Les whigs et les radicaux entendent entreprendre cette année une campagne des plus sérieuses. L’état alarmant de l’Irlande, le développement de la grande ligue des céréales, la nullité des résultats obtenus par les tories, les torts, les griefs et les malheurs du temps, vont devenir le thème d’accusations spécieuses. En protégeant le cabinet français, force sera donc à sir Robert Peel et à lord Aberdeen de songer fort sérieusement à se protéger eux-mêmes. Sous ce rapport, les débats du parlement anglais ne pourront manquer d’exercer une grande influence sur les discussions de notre chambre.

Dire ce que M. le ministre des affaires étrangères a déployé de ressources et de talent dans cette lutte magnifique, serait chose difficile ; il faut avoir assisté à ce spectacle pour s’en faire une juste idée. Une épreuve plus délicate était réservée à M. Guizot : c’était de lutter directement contre M. Thiers sur cette grande question des alliances, qui résume en elle seule la politique tout entière. Tout dans un tel débat était d’un intérêt saisissant : les difficultés, les situations respectives, le contraste des talens, la portée d’un tel duel dans la chambre et dans l’opinion.

M. Thiers a pris son parti avec une décision remarquable. Moins soucieux de défendre toutes ses opinions antérieures que de se créer une situation forte et nouvelle, il a présenté l’alliance anglaise comme une sorte d’épisode et d’accident transitoire dans la politique générale de la France et dans l’histoire du gouvernement de 1830. L’alliance intime avec la Grande-Bretagne n’est plus en janvier 1844, pour l’illustre orateur, ce qu’elle était en janvier 1840, lorsqu’il inaugurait par une brillante apologie l’avénement du cabinet du 1er mars ; ce n’est plus une pensée systématique et immuable, une sorte de religion politique. Si cette association temporaire était commandée par l’isolement où la révolution de juillet avait jeté la France, elle était naturellement destinée à s’affaiblir du jour où cette révolution se trouvait assez forte et assez sûre d’elle-même pour contenir toutes les passions qui aspiraient à la détourner du cours de ses destinées régulières et pacifiques. Pendant six années, l’Europe n’eut guère à vider que des questions sorties du grand ébranlement de 1830 : ce fut le bon temps de l’alliance anglo-française, car les deux pays, liés par une communauté de principes politiques, poursuivaient alors une œuvre vraiment commune, le maintien de la paix du monde. Mais dès l’année 1836, ce travail était terminé, car le sol européen avait cessé de trembler. La force des choses amena dès-lors les deux alliés à porter des vues particulières et distinctes dans les combinaisons poursuivies jusqu’alors en commun, quelle que fut d’ailleurs la loyauté des deux gouvernemens et la sincérité de leur dévouement à l’alliance. Ébranlée sur les affaires d’Espagne, celle-ci se trouva un jour rompue sur