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aucun pouvoir exécutif. Ces trois employés forment le conseil supérieur de la manufacture, qui prend toutes les mesures nécessaires au besoin du service. Un sous-inspecteur est adjoint à l’inspecteur dans les principales manufactures. Un directeur-général et quatre sous-directeurs, dont deux remplissent les fonctions d’inspecteurs spéciaux et ont pour adjoints deux sous-directeurs spéciaux, dirigent le service général et forment le conseil supérieur des tabacs chargé de prendre toutes les décisions relatives à la culture, aux achats et à la fabrication. Le service de la fabrication se trouve ainsi composé de soixante employés, qui, depuis 1831, se recrutent parmi les élèves de l’École Polytechnique, à moins que quelque protégé, fils ou parent d’un député ou d’un employé du ministère des finances, ne parvienne à se placer dans le service à l’aide d’un examen plus ou moins sérieux sur les mathématiques, la chimie et la physique. Cet état actuel de l’administration des tabacs n’a pas été constitué sans quelques variations. D’abord elle faisait partie de l’administration des contributions indirectes ; elle en a été séparée en 1831 et placée sous la direction d’un chef spécial qui vient d’être entouré du conseil-supérieur dont nous avons parlé. Puis est arrivée une organisation de bureaux en trois grandes divisions : personnel, achats et fabrications, comptabilité. C’est ainsi que s’est étendue une administration qui ne formait autrefois que la moitié d’une des quatre divisions de l’administration des contributions indirectes.

Sur les dix manufactures, il y en a neuf qui fabriquent les tabacs ordinaires à priser et à fumer du prix de 7 fr. le kilog., et les tabacs supérieurs à fumer du prix de 11. fr. 10 cent. À Marseille, on ne fabrique que des cigares, soit à cause du peu d’étendue des bâtimens, soit parce que ce genre de fabrication avait pris dans cette ville, avant le monopole, un assez grand développement qu’on lui a laissé depuis. À Paris seulement, on fabrique du tabac à priser supérieur du prix de 11 fr. 10 cent. Morlaix et Tonneins fabriquent spécialement des tabacs en carotte. Enfin les manufactures de Lille et de Strasbourg produisent des tabacs à priser et à fumer d’un prix inférieur, tabacs auxquels on a donné le nom de tabacs de cantine. Ces tabacs à prix réduits ont pour objet de diminuer l’introduction frauduleuse des tabacs étrangers sur la frontière, en diminuant les avantages que les fraudeurs peuvent retirer de la contrebande.

Les manufactures expédient ensemble plus de 16 millions de kilog., quantité supérieure à celle qui est annuellement consommée, de telle sorte que la fabrication ne pourrait être surprise par quelque accident et mise en défaut. Pour fabriquer les 16 millions que les manufactures expédient, il y a dans ces manufactures 11 millions 500,000 kilog. de feuilles, et 17 millions 800,000 kilog. de matières en cours de fabrication. Cette dernière quantité de tabac, supérieure à la quantité expédiée dans l’année, doit être prête à être livrée l’année suivante, et subvenir à l’accroissement qui se manifestera dans la consommation. C’est ainsi que, par de sages calculs, la régie, sans s’encombrer d’avances qui causeraient des pertes nécessaires, arrive