Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 31.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
LETTRES DE CHINE.

toutes les circonstances, à donner toute son attention aux questions qui pourront lui être soumises ; mais, en même temps, son premier devoir est d’annoncer péremptoirement, pour l’intelligence de chacun et de tous, que son intention est de consacrer exclusivement son énergie tout entière et toutes ses pensées à l’accomplissement de l’objet principal de sa mission, qui est d’assurer la conclusion prompte et satisfaisante de la guerre, et que, dans ce but, il ne permettra pas qu’aucune considération, basée sur des transactions commerciales ou sur d’autres intérêts, puisse intervenir dans les mesures énergiques qu’il peut se voir obligé d’adopter ou d’autoriser envers le gouvernement et les sujets de la Chine, dans le but de les forcer à conclure une paix durable et honorable.

« Sir H. Pottinger sait que, parmi les personnes auxquelles cette notification s’adresse, il en est peu qui ne connaissent aussi bien que lui le degré de confiance qu’on peut placer dans le consentement et les promesses du gouvernement provincial de Canton ; il a fait savoir à ce gouvernement qu’il a la volonté de respecter la trève qui existe aujourd’hui, mais que la plus légère infraction des clauses de cette trève, de la part des autorités chinoises, donnera immédiatement lieu au renouvellement d’actives hostilités dans cette province. En conséquence, on ne devra pas perdre de vue qu’un évènement de cette nature est hautement probable, non-seulement à cause de la perfidie et de la mauvaise foi bien connues de ces mêmes autorités, mais encore parce qu’elles peuvent être à chaque instant obligées, par des ordres du cabinet impérial, à désavouer leurs propres actes. Après avoir fait connaître les vues et les opinions qui précèdent, sir H. Pottinger n’a plus qu’à avertir les sujets de sa majesté et tous les autres étrangers qu’ils doivent se garder de mettre leurs personnes et leurs propriétés au pouvoir des autorités chinoises, tant que durera la situation précaire et anormale de nos relations avec l’empereur, et à leur déclarer que, s’ils agissent autrement, il est bien entendu que ce sera à leurs risques et périls.

« Sir H. Pottinger saisit cette occasion d’annoncer que les dispositions prises par son prédécesseur, relativement à l’île d’Hong-kong, resteront en vigueur jusqu’à ce que le bon plaisir de sa majesté touchant cette île et lesdites dispositions soit connu, et, sur ce point, sir H. Pottinger rappelle à l’attention de toutes personnes intéressées la circulaire publiée par le plénipotentiaire de sa majesté le 10 juin dernier.

« H. Pottinger,
« plénipotentiaire de sa majesté. »
« Fait à Macao, le 12 août 1844. »

Ainsi, sir Henri annonçait d’abord à la communauté étrangère que dorénavant toute considération commerciale serait sans influence sur les décisions du plénipotentiaire anglais, si elle se trouvait en désaccord avec le but principal de sa mission, c’est-à-dire si elle contrariait les dispositions énergiques qu’il allait prendre pour amener la guerre à une conclusion ra-