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LE SALON
DE 1842.

Depuis quelques années, la presse, en installant le salon dans ses colonnes, a l’air d’accomplir à contre-cœur une importune et maussade cérémonie d’étiquette, plutôt que d’inaugurer une joyeuse et brillante solennité. Son premier mot est une déclaration de guerre. Fatiguée et dégoûtée d’avoir à repasser sans cesse par les mêmes chemins, la critique ne déguise plus guère sa mauvaise humeur. Cette année les doléances et les accusations sont à la fois plus amères et plus générales. On est allé jusqu’à demander, au nom de l’intérêt de l’art et sur des considérations historiques tirées de fort loin, que la porte du Louvre fût close à jamais. Une opinion plus modérée voudrait seulement que cette porte s’ouvrît moins souvent, et, sur ce dernier point, le vote est à peu près unanime. Cette opinion ayant pris une certaine consistance et pouvant acquérir de la gravité, il conviendra peut-être d’en chercher l’origine et les motifs.

Il importe d’abord de remarquer que ces plaintes ne viennent ni des artistes ni du public. Pour les artistes, le salon est la publicité même. C’est la presse de l’art ; cette presse doit, comme l’autre, être libre et toujours ouverte. La supprimer ou la trop restreindre, c’est