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ESSAI

D’UN
TRAITÉ COMPLET DE PHILOSOPHIE
AU POINT DE VUE
DU CATHOLICISME ET DU PROGRÈS,
PAR M. BUCHEZ.[1]

La guerre entre les religions et la philosophie a commencé avec la philosophie elle-même. Cette lutte est-elle éternelle ? Ou sinon, quel sera son terme ? Finira-t-elle par le triomphe d’un des deux principes, ou par l’accord et le concert des croyances ? Cette question n’en est pas une pour quiconque a une foi sincère dans la vérité de la religion et dans la puissance de l’esprit humain.

Que l’on remonte aux premiers temps de l’histoire, et partout on verra les prêtres s’opposer aux progrès de la philosophie. Socrate, accusé par un pontife, et condamné pour avoir douté du polythéisme grec, ne fut pas le premier martyr de la science. Les écoles n’étaient encore qu’une association de pieux interprètes des mystères, que déjà les défenseurs naturels du culte, avertis par un instinct secret,

  1. Trois vol. in-8o ; chez Éveillard.