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au contraire, depuis 1755 cette population a doublé, et, de 1821 à 1831, dans l’espace de dix années, elle s’est accrue de près d’un septième. La vaccine d’un côté, le rapide développement de l’industrie manufacturière de l’autre, peut-être aussi l’augmentation du bien-être résultant, pour ceux qui restaient, du départ de malheureux trop souvent à charge à leurs concitoyens, telles sont les principales causes de la marche progressive de la population. Les Highlands même ne sont pas restés absolument en dehors de ce mouvement. Leurs vallées centrales ont été, il est vrai, transformées en vastes solitudes que parcourent de nombreux troupeaux gardés par un petit nombre de pâtres ; mais les bourgades du littoral et toutes les petites villes manufacturières voisines des Lowlands ont vu le nombre de leurs habitans s’augmenter d’une manière sensible[1].

L’accroissement de la prospérité agricole du pays a dû surtout contribuer à ce développement de la population. L’agriculture, en effet, n’est pas restée en arrière de l’industrie ; un seul fait nous en donnera la preuve. Il y a soixante ans, les comtés du sud de l’Écosse ne produisaient pas assez de grains pour nourrir leurs habitans ; les cultivateurs lowlanders récoltent aujourd’hui plus de blé que la population de l’Écosse tout entière n’en peut consommer, et cependant, comme nous venons de le voir, depuis soixante ans cette population a doublé.

Les progrès de l’industrie manufacturière et agricole en Écosse ne datent que de l’union de ce pays avec l’Angleterre. Avant l’union, l’Angleterre, voisine puissante et jalouse, apportait toutes sortes d’entraves à l’agrandissement de sa rivale. Au moyen de lois prohibitives, elle repoussait les produits des comtés du sud, et à l’extérieur elle arrêtait le plus qu’elle pouvait le développement du commerce de ses ports. Elle s’opposait surtout, avec une singulière persistance, à l’établissement des colonies que l’Écosse eût voulu fonder. À l’aide des Espagnols qu’elle excitait sous main, elle était même parvenue à détruire cette belle colonie de l’isthme de Darien qu’avaient fondée Paterson et Fletcher, et dont les Écossais se promettaient tant d’avantages. Quand l’union des deux royaumes eut été consommée, les lois prohibitives furent successivement rapportées ; les rivaux d’autrefois étaient devenus des compatriotes ; l’in-

    nock avec deux cents émigrés de tout âge et de tout sexe, que ce navire conduit à Montreal (Canada).

  1. De 1811 à 1821, cette augmentation a été d’un onzième, et de 1821 à 1831 d’un dixième.