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production infiniment estimable, en demandant toutefois positivement qu’on n’ajoute rien de plus à cette épithète.

Nous avons dû étudier avec quelque étendue les deux ouvrages qui précèdent, en raison de leur importance propre et de l’attention particulière dont ils sont l’objet ; mais, vu la longueur de la route, nos haltes seront désormais plus courtes.

Parmi les grandes pages historiques du salon carré, celle où M. Blondel a retracé la Reddition de Ptolémaïs à Philippe-Auguste et à Richard-Cœur-de-Lion, se fait remarquer par une composition ingénieuse, par la variété des attitudes et l’heureux agencement des groupes. Le style, sans atteindre les hauteurs de l’idéal, mais aussi sans y prétendre, est d’une élégance noble qui convient à cette histoire chevaleresque des croisades. Le ton général manque peut-être un peu d’unité et surtout de chaleur. On doit d’autant plus insister sur les qualités de cette intéressante composition, et d’autant moins s’appesantir sur ses imperfections, qu’elle est le produit d’une tradition et d’une école aujourd’hui peu en faveur, et qui depuis long-temps ne nous avaient pas fait une aussi agréable surprise.

Dans un sujet analogue, la Procession des Croisés, autour de Jérusalem, M. Schnets a mis toute la science et la vigueur d’exécution qu’on lui connaît, et qui lui ont assigné une place si distinguée parmi les peintres de son école. Nous ne pouvons pas étendre cette remarque au saint-Louis de M. Arsène, dont la faiblesse, dans tous les sens, est d’autant plus apparente, que sa toile est plus grande ; ce qui nous autorise, bien à regret, à nous borner à cette sèche citation. Nous garderons la même réserve, et par les mêmes motifs, à l’égard de la Levée du siége de Rhodes, par M. Odier.

Non loin de ces inoffensives peintures, la Bataille de Mons fait un appel au regard par le bruit et le mouvement que l’auteur a voulu probablement y mettre. Il a déployé de grands moyens pour de petits résultats, de grands corps, de grands bras, des chevaux au galop, des blessés et des mourans, des morts déjà morts tant de fois ailleurs à peu près de la même manière, et une exécution enlevée qui ressemble à la hardiesse, si elle ne ressemblait encore davantage à la facilité de la routine. Mais aussi qui s’aviserait jamais,

Hors qu’un commandement exprès du roi ne vienne,

de peintre la Bataille de Mons ?

Une bataille tout autrement formidable est celle du vaisseau le Vengeur, de M. Leullier. Cet artiste, jeune probablement, a un début