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ensuite la promesse d’une compensation. Ces démarches n’eurent d’autre résultat officiel qu’une déclaration formelle de la part du ministre qu’il n’avait à sa disposition aucuns fonds applicables au paiement des traites du capitaine Elliot, qu’il ne pouvait s’engager à indemniser les parties lésées qu’avec l’autorisation du parlement, et qu’il n’avait nullement l’intention de soumettre aucune proposition au parlement à cet effet. On devait s’y attendre ; mais d’un autre côté le principe de la compensation était implicitement compris dans les résolutions adoptées à l’égard du gouvernement chinois, et il devenait évident que la Chine aurait à payer, si les plans de l’Angleterre devaient réussir, non-seulement les frais de la guerre, mais l’indemnité réclamée par le commerce anglais à Canton.

Le 7 avril, après une discussion très animée sur la motion de sir James Graham, tendant à ce que la conduite du ministère dans la direction des affaires de Chine, fût blâmée par la chambre des communes, les dispositions hostiles annoncées par le gouvernement de la reine furent sanctionnées par un vote qui ne justifiait cependant qu’à une bien faible majorité, celle de dix voix, les mesures adoptées par les ministres pour la protection des grands intérêts qui leur étaient confiés.

Le 27 juillet, la chambre des communes vota un crédit provisoire de 173,442 livres sterling pour les dépenses de l’expédition de Chine (environ 4 millions et demi de francs). Dans la discussion qui s’établit sur ce vote, les ministres eurent à se défendre contre des attaques très vives qui portaient principalement sur le défaut de prévoyance du gouvernement, qui avait négligé, disait-on, d’envoyer des instructions positives et complètes au surintendant Elliot. Toutefois la détermination prise de demander satisfaction au gouvernement chinois des actes de violence et des outrages de ses délégués obtint l’assentiment de la grande majorité de la chambre. Avant cette époque, l’expédition, dont le rendez-vous avait été indiqué à Singapour, était complètement organisée et avait commencé ses opérations dans les mers de Chine. Elle était placée sous le commandement supérieur du contre-amiral George Elliot, arrivé à Singapour, sur le Melville, de 74, le 16 juin. L’amiral remit à la voile le 18 avec plusieurs autres bâtimens de guerre. Il avait été précédé de quelques jours par le commodore sir Gordon Bremer, commandant la première division de l’escadre. On estimait, au mois de juillet, les forces de l’expédition à dix-sept navires de guerre et quatre grands steamers, également armés en guerre ; les troupes de débarquement fournies