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sont les derniers peintres de ce pays qui aient obtenu une certaine vogue. L’Europe a entendu prononcer leur nom ; les Italiens les regardent comme de grands artistes. Benvenuti et Camuccini ont fait école, et comme ils étaient à peu près seuls, ils ont facilement trouvé moyen de s’enrichir ; mais leur réputation et leur fortune ne prouvent qu’une seule chose : la décadence de l’art et le mauvais goût du public. Appiani et Bossi, le copiste du Cénacle de Léonard de Vinci, ne se sont pas non plus élevés au-dessus du médiocre ; Sabatelli, mort il y a quelques années, est le seul des trois Milanais chez qui on ait remarqué des éclairs de génie.

Quant aux peintres que l’on appelle en Italie de second ordre, nous ne savons vraiment à quel rang les classer ; ils occupent ces espaces ternes qui s’étendent du médiocre au pire. À Milan, le nombre de ces peintres est considérable, et la plupart en sont encore à copier David et Girodet. MM. Hayez, Carlo Arrienti, Luigi Bisi et Fermini se sont cependant séparés du gros de la troupe, et depuis quelques années imitent la nouvelle école française. MM. Hayez et Carlo Arrienti peignent l’histoire et le genre, MM. Bisi et Fermini le paysage et l’architecture. MM. Hayez et Arrienti, que leurs nombreux admirateurs placent en tête d’une nouvelle école lombarde et proclament les restaurateurs de la peinture milanaise, ne sont que de pâles imitateurs de la manière de MM. Scheffer, Delaroche et autres. Ils peignent comme eux des sujets dramatiques empruntés à l’histoire du moyen-âge, mais ils sont loin d’avoir le même talent d’exécution. Les deux Foscari de M. Hayez et l’Azzo et la Parisina de M. Carlo Arrienti ont eu cette année les honneurs du musée Bréra ; ces tableaux, exposés au Louvre, se seraient perdus dans la foule et n’auraient valu à leurs auteurs ni un éloge ni une critique. MM. Hesse, Scheffer et Devéria sont de beaucoup supérieurs à ces peintres du moyen-âge à Milan ; ils ont en outre le mérite d’être venus les premiers. Ce que nous venons de dire des peintres d’histoire et de genre peut s’appliquer aux paysagistes et aux peintres d’architecture ; si les premiers ont oublié Léonard de Vinci, Luini et Corrège, ces derniers se souviennent peu du Mantègna et de Canaletto, et certainement, au lieu de se traîner à la remorque de l’école française moderne et d’en suivre les capricieuses évolutions, ils eussent mieux fait d’imiter ces chefs de la vieille et magnifique école lombarde.

Bologne a ses peintres comme Milan. M. Pietro Farucelli est le plus renommé de ces artistes. C’est un homme d’une merveilleuse facilité qui peint dans la manière de Tiépolo ; disons-le, c’est plutôt