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dans une position très favorable pour le commerce d’échange entre l’Asie et l’Europe, car elle se trouve entre la mer Caspienne et la mer Noire, à peu de distance de l’une et de l’autre. Grace à la route de poste faite par le gouvernement russe et aux bateaux à vapeur qui sillonnent les deux mers[1], elle peut communiquer facilement et promptement avec les bouches du Danube, Constantinople et Odessa, avec Astrakan et l’intérieur de la Russie ; enfin, avec la Boukharie et la Perse. M. Eichwald donne des renseignemens statistiques assez intéressans, mais qui ont pour la plupart l’inconvénient d’être déjà anciens, sur les importations et les exportations de la Géorgie, sur les dépenses et les recettes du gouvernement dans cette province, etc. Nous ne les donnons pas, parce qu’il est évident que, sous ce rapport, tout a dû beaucoup changer depuis douze ans. Nous croyons, du reste, que le savant voyageur s’exagère un peu les avantages de la position de ces contrées, et qu’il ne tient pas assez compte d’une foule d’obstacles qui doivent y retarder long-temps encore le progrès de la richesse. La population de la Géorgie était, en 1826, d’environ 250,000 ames, réparties comme il suit : Géorgiens de la religion grecque, 21,000 familles ; Arméniens schismatiques, 13,000 familles ; Arméniens catholiques, 500 ; Mahométans, 12,000 ; Grecs, 200 ; juifs, 300 ; colons allemands, 500 ; en tout : 47,500 familles. La noblesse géorgienne est si nombreuse, que ses biens suffisent à peine à son entretien ; aussi vit-elle très pauvrement. Ses charges sont : d’entretenir la police dans les villes, de loger les soldats, de fournir des voitures pour les munitions de guerre et de bouche destinées aux troupes, ainsi que des voituriers, des chevaux et des bœufs ; d’établir des gardes sur les frontières, de nourrir des chevaux au bureau de police de chaque cercle pour le transport des fonctionnaires sur les différens points du district. Dans les villes, les maîtres de police reçoivent un traitement du gouvernement ; les autres employés vivent aux frais de la ville. L’église géorgienne est fort riche à cause des dons considérables qui lui ont été faits, dans le cours des siècles, par les rois et les princes. Elle possède un très grand nombre de villages, dont les paysans sont encore plus pauvres que ceux de la couronne. Elle reçoit, en outre, du gouvernement une somme annuelle d’environ 80,000 francs. On baptise tous les ans un grand nombre de païens ; mais ces essais de conversion ne paraissent pas avoir beaucoup d’importance, parce que la partie du clergé qui s’en occupe est

  1. On a établi sur la mer Caspienne des bateaux à vapeur qui vont d’Astrakan à Bakou en six jours.