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LETTRES
SUR L’ISLANDE.

vii.

MYTHOLOGIE


À M. VILLEMAIN,
SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L’ACADÉMIE FRANÇAISE.

Les sagas et les vieux historiens l’ont dit : Odin chef des Ases s’empara des trois royaumes de la Scandinavie. Il venait de l’Orient. Il apporta avec lui la langue, les mœurs, et sans doute aussi les mythes de l’Orient. La langue telle qu’on la parle encore aujourd’hui en Islande a conservé des indices certains de son origine. Les mœurs des anciens Scandinaves ont eu dans les contrées méridionales leurs analogies, et le paganisme de ces hommes du Nord présente plus d’un point de rapprochement avec les traditions religieuses de l’Orient. Mais il ne faudrait y chercher ni ces riches et fécondes créations de l’Inde, ni les mystérieux symboles de l’Égypte, ni les charmantes fables de la Grèce. La théogonie orientale s’est amoindrie en passant dans les régions hyperboréennes. Le vent du Nord a effrayé toutes ces myriades de nymphes, de sylphes, d’anges ailés qui voltigent à travers les forêts de l’Himalaya et les vertes vallées de Kachemire. Quand cette armée de dieux s’en venait avec les bataillons d’Odin, la plupart n’ont pas eu le courage de continuer une si longue route et sont retournés vivre dans leur paradis de fleurs. Les autres ont perdu le long du chemin leur manteau de pourpre, et les déesses ont laissé tomber leur écharpe d’or et leur ceinture magique. Le ciel Scandinave est pauvre ; on