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WESTMINSTER.

Westminster ! Westminster ! Sur cette terre vaine
Suis-je toujours en butte aux clameurs de la haine !
Avant d’avoir subi le jugement de Dieu
Suis-je au regard des miens toujours digne du feu !
Hélas ! mes tristes os languissent dans mes terres,
Mon domaine appartient à des mains étrangères,
Et l’on peut voir un jour les autans furieux,
Enfans désordonnés de l’empire des cieux,
De leurs souffles impurs chasser ma cendre illustre
Et balayer mes os comme les os d’un rustre.

Westminster ! Westminster ! Au midi de mes jours,
Le cœur déjà lassé d’orageuses amours,
J’ai vu la calomnie, en arrière et dans l’ombre,
S’asseoir à mon foyer comme une hôtesse sombre,
En disperser la cendre, et, d’un bras infernal,
Glisser de froids serpens dans le lit conjugal.
J’ai vu dans le rempart de ma gloire fameuse,
Au milieu des enfans de ma verve fougueuse,
Une main attacher à mon front l’écriteau
Qu’on met au front de ceux qui vivent sans cerveau.

Et puis on ébranla le chêne en ses racines,
On sépara le tronc de ses branches divines,
Le père de la fille ; — on me prit mon enfant,