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tique des mœurs du ive siècle que celui de Figaro des mœurs du xviiie.

La fin de ce morceau est un peu moins belle. La voici pourtant :

« Mais je suis resté ici trop long-temps. Je crois que mon maître a crié, selon la coutume. Je devais faire ce qu’il m’a dit, aller chez ses amis ; mais qu’y faire ? il faut le laisser gronder. Ils sont nos maîtres ; ils peuvent dire tout ce qu’ils veulent, et aussi long-temps qu’il leur plaît. C’est à nous de le souffrir. Les justes dieux ne m’accorderont-ils jamais ce que je leur demande ? Tout maître dur et revêche devrait être exclu des fonctions municipales, du barreau et des offices du Palais ? Pourquoi cela ? parce qu’après la prospérité, l’abaissement est plus humiliant. Que ne souhaité-je plutôt qu’il fasse toujours ce qu’il fait ? Couvert de sa toge, qu’il continue de quêter des suffrages, de dîner chez les juges, d’épier l’heure où s’ouvrent les portes des grands ; qu’il soit l’esclave des esclaves ; que, comme un charlatan qui guette des dupes, il erre de places en places, cherchant partout et épiant les heures et le temps, le matin, à midi, le soir ; qu’il salue sans pudeur ceux qui le dédaignent ; qu’il aille au-devant des gens qui l’évitent : que, dans l’été, il soit brûlé dans une chaussure étroite et neuve ! »

Pantomalus s’éloigne après ces imprécations. Nous, reprenons le fil de la pièce :

Querolus et le faux magicien sortent de la maison. Le premier porte l’urne, où le trésor est renfermé : il croit fermement aider Mandrogerus à mettre la mauvaise Fortune hors de chez lui ; il s’étonne un peu de l’extrême pesanteur du coffre ; mais le charlatan lui ferme la bouche, en lui demandant s’il connaît rien de plus lourd que la mauvaise Fortune ; puis, avant de le quitter, il lui conseille de garder la maison pendant trois jours ; de barricader ses portes, de repousser voisins, parens, amis, tout le monde enfin, comme des profanes ; pendant trois jours, la mauvaise Fortune s’efforcera de rentrer dans sa demeure ; ce terme passé, il peut être sûr de ne jamais revoir chez lui ce qu’il en fait sortir en ce moment. En effet, le fourbe espère bien, pendant ces trois jours, avoir mis sa capture en sûreté. Querolus bien enfermé dans son logis, les trois larrons s’éloignent pour examiner et partager leur proie.