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REVUE DE VOYAGES.

rait se trouver par-delà le désert, d’où il suit que le lac de Libye, dans lequel il se jette, ne peut, sans erreur, être rapporté au lac Tchâd. En vain le savant auteur du mémoire essaie d’échapper à l’argument qui ressort de la brièveté du cours du Megerdah, en supposant deux fleuves Bagradas, l’un coulant vers la mer, l’autre vers l’intérieur ; le texte de Ptolémée ne lui laisse pas cette ressource, puisqu’il conduit, sans interruption, l’unique Bagradas qu’il mentionne, depuis le mont Ousargala jusqu’à la mer. M. Leake a reconnu, avec plus de justesse, que l’expédition de Suetonius Paulinus au-delà de l’Atlas n’a pu atteindre d’autre fleuve Ger (Pline dit Niger) que l’un des torrens du versant méridional de ces hautes montagnes, le même sans doute, que le Maure Léon désigne sous le nom de Gir. Nous sommes loin, cependant, de prétendre que les anciens n’aient eu aucune connaissance du Joliba ou Kouâra, car nous croyons volontiers, avec Rennel et M. Leake, que c’est à ce fleuve qu’il faut rapporter les vagues indices procurés par le voyage des cinq jeunes Nasamons d’Aougelah, et recueillis par Hérodote. Nous admettons aussi qu’au même fleuve s’appliquent peut-être aussi les vagues informations de Pline sur ce Nigris, soumis, comme le Nyl d’Égypte, à des crues périodiques ; mais les argumens de M. Leake ne nous ont point convaincu que les détails de Ptolémée fussent pareillement applicables au Kouâra : il a laissé entières les objections que son premier soin eût dû être de combattre.


Les mémoires suivans ont peu d’étendue, et n’offrent pas, en général, des résultats très importans pour la géographie ; il nous suffira de les signaler en peu de mots : telles sont des notes sur le désert oriental de l’Égypte par M. Wilkinson, et une courte analyse de son excursion en 1823 sur le Bahhr-Yousef ; une notice de M. Loudon sur la vallée méphitique ou Guevo-Upas, près de Battar, dans l’île de Java ; une autre de M. Hamilton sur le lac d’Amsancto, dans le royaume de Naples ; le récit de diverses excursions exécutées en 1830 et 1831 dans la Guyane anglaise par MM. Hillhouse, Tichmaker et Alexander, récit qui contient quelques détails curieux sur les Indiens de ces contrées, mais d’un intérêt géographique fort médiocre ; quelques remarques sur la navigation des îles Maldives, qui, malheureusement, ne répondent pas à la célébrité justement acquise de leurs auteurs, M. James Horsburgh, hydrographe de la compagnie des Indes, et M. le capitaine de vaisseau W. Owen : elles prouvent seulement que l’hydrographie de ces îles est encore à faire, et qu’il faut recourir, pour les étudier, à d’anciens journaux de navigation, ou au voyage de Pyrard de Laval (publié à Paris en 1679) ; enfin un article fort bref sur le pays des Cossyah, au nord-est de Calcutta, où les Anglais ont établi,