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REVUE DES DEUX MONDES.

FACIO.

Humpt ! voilà un manteau rabattu qui flaire quelque nouvelle. Le gobe-mouche a envie de nous aborder.

MARINONI, approchant.

Je suis étranger, messieurs ; à quelle occasion cette fête ?

SPARK.

La princesse Elsbelh se marie.

MARINONI.

Ah ! ah ! c’est une belle femme, à ce que je présume ?

HARTMAN.

Comme vous êtes un bel homme, vous l’avez dit.

MARINONI.

Aimée de son peuple, si j’ose le dire, car il me paraît que tout est illuminé.

HARTMAN.

Tu ne te trompes pas, brave étranger ; tous ces lampions allumés que tu vois, comme tu l’as remarqué sagement, ne sont pas autre chose qu’une illumination.

MARINONI.

Je voulais demander par là si la princesse est la cause de ces signes de joie.

HARTMAN.

L’unique cause, puissant rhéteur. Nous aurions beau nous marier tous, il n’y aurait aucune espèce de joie dans cette ville ingrate.

MARINONI.

Heureuse la princesse qui sait se faire aimer de son peuple !

HARTMAN.

Des lampions allumés ne font pas le bonheur d’un peuple, cher homme primitif. Cela n’empêche pas la susdite princesse d’être fantasque comme une bergeronnette.

MARINONI.

En vérité ? vous avez dit fantasque ?

HARTMAN.

Je l’ai dit, cher inconnu, je me suis servi de ce mot.

(Marinoni salue et se retire.)