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LITTÉRATURE ANGLAISE.

fort et de fatigue ne vient harasser le lecteur. On reconnaît partout une vigueur constante, maîtresse d’elle-même, et qui se déploie naturellement.

On avait annoncé que Southey continuerait l’Histoire de la Poésie de Warton ; c’était une œuvre digne de lui. Sa vie intérieure est pleine de dignité et de sagesse ; il habite Keswick, au milieu d’une famille aimable et d’une belle bibliothèque. Il donne à ses travaux un certain nombre d’heures par jour ; les étrangers trouvent chez lui une hospitalité noble et généreuse.


Georges Chalmers, dans sa Calédonie, et Sharon Turner, dans son Histoire des Anglo-Saxons, ont essayé de faire revivre l’Angleterre et l’Écosse, telles qu’elles existaient pendant une époque de barbarie presque sauvage. Leurs recherches immenses ont été couronnées de succès.

Turner, l’Anglais, est supérieur à Chalmers, notre compatriote, pour la méthode et la clarté. Chalmers l’emporte, selon nous, comme antiquaire, comme érudit. Malheureusement sa diction est bizarre, pompeuse, obscure, et souvent de mauvais goût.

On trouve dans l’histoire de Turner les détails les plus curieux sur l’état social et politique des tribus saxonnes, sur ces guerriers si courageux, si téméraires dans les combats, si industrieux et si patiens dans la paix. La Calédonie de Chalmers, plus chargée d’érudition, est moins féconde en intérêt. C’est le résultat d’une vie tout entière, d’une vie dévouée à cet unique objet. La Grande Bretagne de Camden n’est rien auprès de ce gigantesque édifice d’érudition. Le charme du style, l’intérêt qu’une imagination romanesque répand sur tout ce qu’elle embellit, manquent à ces deux mille pages, dont l’exactitude topographique et historique est sans égale. Le dernier volume de la Calédonie est encore manuscrit ; et comme il y a peu de lecteurs pour une telle œuvre, il ne se présente pas de libraire assez hardi ou assez généreux pour l’imprimer et le publier. Dans tout autre pays que le nôtre, le gouvernement aurait fait les frais de la publication et accordé une pension à l’auteur.

Parmi les hommes de talent et de conscience qui vivent négligés et obscurs, nous devons citer le docteur Jamieson, auteur de l’excellent dictionnaire de la langue écossaise. Le feu roi lui avait accordé une pension de 100 livres sterling qui vient d’être supprimée.


Sir James Mackintosh. — Cet homme célèbre a commencé par défendre la révolution française contre les éloquentes attaques de Burke. On le regarda dès-lors comme le champion des libertés anglaises, et l’on s’étonna de le voir défendre Peltier, accusé d’avoir publié un libelle