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REVUE DES DEUX MONDES.

BESTIA.

Finis donc, tu fais mal à mon ombre.

CÉSAR.

Vercingetorix, ouvre les portes, le grand air du matin le réveillera.

VERCINGETORIX, après avoir ouvert les portes.

Qu’il boive cette autre potion. (Il lui fait boire la potion et le frotte.)

BESTIA, ayant bu.
(Passant la main sur ses yeux, et recouvrant peu à peu sa raison) :

Où suis-je ?

CÉSAR.

Chez toi.

BESTIA.

Où ?

CÉSAR.

Dans ta maison, à Rome.

BESTIA.

Que vois-je ? qu’entends-je ?

CÉSAR.

Tu me vois, tu m’entends, moi, César, en chair et en os.

BESTIA.

Pas possible.

CÉSAR.

Ne crains pas de vivre, rêveur ! le sénat t’absoudra, grâce à ton nom.

BESTIA.

Comment ! le sénat ! Je reviens des Champs-Élysées.

CÉSAR.

Tu n’es jamais sorti d’ici ; ton esclave a été plus sage que toi.

BESTIA.

Est-ce qu’il n’est pas mort aussi ?

CÉSAR.

Pas plus que toi ; c’est lui qui a engourdi tes craintes avec la graine de Morphée.

BESTIA.

Vraiment !

VERCINGETORIX.

Mort, j’eusse été libre, je demande à l’être vivant.