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musiciens. M. Blanchard, l’un de nos compositeurs les plus spirituels et les plus habiles, est le fondateur de cet établissement. Il nous fera connaître les morceaux les plus curieux des écoles allemande et italienne. Les exécuteurs seront choisis dans les meilleurs orchestres de Paris, de Vienne, de Munich et de Londres. Voilà de quoi faire oublier les concerts des Champs-Elysées.

— Il est question d’un autre établissement non moins curieux, d’un théâtre nautique, dans la salle Ventadour, dont M. Vatout se défend beaucoup d’avoir obtenu le privilège. M. Vatout l’a sollicité en effet de M. Thiers, qui le lui a accordé pour M. Saint-Estébène, auteur d’une comédie ou d’un drame joué aux Français sous le titre de la Conspiration de Cellamare. La comédie était tirée du roman de M. Vatout, et M. Vatout, qui avait travaillé, dit-on, au drame de M. Saint-Estébène, a été bien aise de faire quelque chose en faveur de son collaborateur. M. Vatout fait le bien uniquement par excès de bonté et de philanthropie, et nous ne serions pas étonnés s’il sollicitait en ce moment pour M. Pépin.

— Le théâtre nautique aura beaucoup à faire pour lutter avec les théâtres de terre ferme, qui sont tous en pleine activité. Cette quinzaine a produit au Vaudeville les Femmes d’emprunt, où Arnal est très comique. Les Variétés ont donné la Salle des bains, où Odry se montre insipide. Au théâtre du Palais-Royal les Baigneuses, joli vaudeville, que le jeu d’un acteur nommé Alcide rend très plaisant. À la Gaîté, le Fils naturel, absurde déclamation contre les duels. À l’Ambigu-Comique, les Deux-Roses, pâle copie du Henri vi de Shakspeare, qui plaira toutefois aux habitués du mélodrame ; toutes choses de peu d’intérêt, et qui ne méritent pas qu’on s’y arrête. Les grands théâtres se préparent à fêter le retour de la société parisienne. L’Opéra répète Don Juan, de Mozart, qui sera monté avec tout le luxe imaginable, et un grand ballet en trois actes, et la Porte Saint-Martin prépare un nouveau drame de M. Victor Hugo, La sanglante Marie. M. Hugo ne se lasse pas du genre monstrueux et de la littérature sanguinaire.

— De nouveaux livres, peu de saillans. Parlerons-nous des Scènes dramatiques empruntées à la vie réelle[1], par lady Morgan, traduites par mademoiselle Sobry. Ce sont des dialogues un peu prolixes sur la vie intérieure de l’Irlande, quelquefois spirituels et toujours satiriques comme l’est lady Morgan. Ils sont divisés en trois parties : le Manoir de Sackville, les Va-

  1. Chez Fournier jeune.