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ITALIE. — ROYAUME LOMBARDO VÉNITIEN.

fut appelé à Milan, et dirigea la construction des belles machines de la Monnaie, où les pièces, à l’aide d’un courant d’eau très faible, sont mises sous le coin et retirées par une main de métal, qui, lorsqu’elle n’a plus rien à faire, sonne une clochette pour demander du travail. Morosi a fait un grand nombre d’autres machines ingénieuses, poussé par cet instinct qu’on rencontre de temps en temps en Italie, par cet instinct qui a fait les Fontana à Rome et les Mazera à Turin. Nommé membre de l’Institut italien, il étudia la partie théorique de la science que son génie avait devinée. Personne ne connaît mieux que lui tous les détails des constructions, et c’est à lui qu’on doit une remarque fort importante sur l’action de l’eau dans les machines hydrauliques. Il observa que l’eau, en frappant perpendiculairement contre un obstacle, ne perd pas toute sa vitesse, de sorte qu’on peut augmenter considérablement l’effet produit, en ajoutant un bord à l’extrémité du plan sur lequel elle exerce son action. La pratique a profité de cette découverte. Morosi s’est occupé aussi du développement de la chaleur par le frottement de métaux, et de l’application qu’on en peut faire à l’industrie. Il est arrivé à produire de cette manière une température suffisante pour la fabrication de la soie. Il se propose de poursuivre ces recherches, qui, si elles conduisaient à transformer la force motrice en chaleur, pourraient amener dans les arts une révolution non moins importante que celle due à la transformation de la chaleur en force motrice dans les machines à vapeur.

Le chef de la nouvelle médecine italienne, Rasori, quoique né à Parme, vit depuis long-temps à Milan, et doit par conséquent trouver sa place ici. Rasori, dans sa jeunesse, voyagea en France et en Angleterre, pour étudier la médecine sous les meilleurs maîtres. À Édimbourg, il devint admirateur passionné de Brown, dont il adopta les idées. À la formation de la république cisalpine, Rasori se montra un des plus zélés partisans du nouvel ordre de choses. Nommé plus tard protomédecin et directeur des hôpitaux militaires de Milan, il s’aperçut aisément de l’insuffisance de la médecine écossaise ; et, la modifiant