Page:Revue des Deux Mondes - 1832 - tome 6.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
REVUE DES DEUX MONDES.

numens ne sont pas plus élevés à leurs yeux que les plaines et les ruisseaux, comme aux regards célestes du Poète tout ce qui est de la terre se confond en un seul globe éclairé par un rayon d’en haut. »

— Les écouter, et si vous êtes inspiré, faire un livre.

Souhaitez que ce livre soit lu comme il a été écrit. — Si le vôtre est écrit dans la solitude, l’étude et le recueillement, je souhaite qu’il soit lu dans le recueillement, l’étude et la solitude ; mais soyez à-peu-près certain qu’il le sera à la promenade, au café, en calèche, entre les causeries, les disputes, les verres, les jeux et les éclats de rires, ou pas du tout.

Ne pas espérer qu’un grand œuvre soit contemplé, qu’un livre soit lu, comme ils ont été faits.

Et après tout cela, vous aurez mis au jour quelque volume, qui, pareil à toutes les œuvres des hommes, lesquelles n’ont jamais exprimé qu’une question et un soupir, pourra se résumer infailliblement par les deux mots qui ne cesseront jamais d’exprimer notre destinée de doute et de douleur :

POURQUOI ? ET HÉLAS !


CHAPITRE XXXIX.
Effet de la consultation.

Stello crut un moment avoir entendu la sagesse même. — Quelle folie ! il lui semblait que le cauchemar s’était enfui, il courut involontairement à la fenêtre pour voir briller son étoile à laquelle il croyait. Il jeta un grand cri.

Le jour était venu. L’aube pâle et humide avait chassé du ciel toutes les belles étoiles, il n’y en avait plus qu’une qui s’évanouissait à l’horizon. Avec ces lueurs sacrées, Stello sentit s’enfuir ses pensées. Les bruits odieux du jour commençaient à se faire entendre.