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Histoire. — Philosophie.

DE LA PROPRIÉTÉ[1].

Je pense et je veux ; donc je dois et je puis être libre. Mais comment puis-je être libre vis-à-vis de la nature, sans tenter de la maîtriser et de m’en approprier quelque chose ? La propriété sur le monde physique est le développement nécessaire de la liberté : sans la propriété, la puissance de l’homme ne serait pas prouvée. L’homme a besoin de s’abriter ; il construit une cabane sur un petit espace de terrain, et dit : Cela est à moi. Il voit passer devant lui un coursier rapide et sauvage ; il le dompte, et le cheval reconnaît son maître. Améric vole à travers les mers ; plus heureux et moins grand que Colomb, il donne son nom à tout un monde. Les pays qu’a découverts le génie de l’homme, le détroit de Magellan, la Colombie, attestent sa liberté, sa faculté d’appropriation ; et la nature ne reçoit pour nous de sens et de valeur, que lorsque nous l’avons nommée.

  1. Nous devons à l’amitié qui nous lie à M. Lerminier communication de ce fragment, extrait de sa Philosophie du Droit, qui se fera encore quelque temps attendre. Au milieu des utopies, des questions soulevées par la révolution de juillet, il nous paraît avoir tout le mérite de l’à-propos.