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SAYNÈTE.
Le Comte.

Eh bien !…

La Comtesse.

Je vous laisse avec mon fils ; vous savez son caractère… j’ai appris à connaître le vôtre. Promettez-moi de ne pas vous emporter, ou permettez que je reste pendant cette entrevue… une mère est la meilleure médiatrice entre son époux et son fils…

Le Comte.

Lorsque j’ai parlé, vous savez que je n’aime pas à répéter mes paroles… la seconde fois elles peuvent changer…

La Comtesse.

Je sors ; mais promettez-moi que vous ne tuerez pas mon fils…

Le Comte.

Êtes-vous folle ?…

(Entre don Félix.)
La Comtesse.

Don Félix, votre père veut vous parler… (À voix basse.) De la prudence, de la soumission, mon fils… si ce n’est pour lui, que ce soit pour moi… Songez à votre mère, qui n’a plus que vous sur la terre… chacun de vos dangers lui coûte un remords ou une terreur… Abrégez l’entretien, et revenez me voir bien vite. (Elle sort en jetant des regards inquiets sur le comte.)

Le Comte.

Don Félix, je veux vous parler en père, pour la dernière fois peut-être… Approchez ; écoutez-moi… Que vous ai-je défendu il y a trois mois ?… que vous ai-je défendu il y a quinze jours…il y a trois jours… hier, ce matin même ?… De songer à épouser dona Maria. Qu’avez-vous fait il y a trois mois, il y a un mois, il y a quinze jours… hier, ce matin même ?… Vous lui avez fait la cour, vous vous êtes occupé des préparatifs de votre noce… Est-ce là m’obéir ?

Don Félix.

J’obéirai sans murmurer, sans réfléchir même, à tout