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RÉVOLUTION POLONAISE.

ici dans un conseil de guerre, où chacun a le droit de faire entendre ce qu’il croit la vérité et utile à la patrie. » Encouragé par le silence de l’assemblée et celui de Radziwill lui-même, il lui reprocha le mauvais choix du chef de l’état-major, et proposa de nommer à ces fonctions Chzarnowski ; il énuméra ensuite les fautes et les négligences qu’on avait commises : plusieurs batteries avaient manqué de munitions ; des ordres contradictoires, tantôt de Radziwill, tantôt de Chlopicki, se croisaient sans cesse ; la confusion était partout. Le discours de Skrzynecki fit une vive impression sur le conseil, et le général Uminski prenant la parole, proposa le premier de nommer un autre généralissime, portant Skrzynecki lui-même à ce poste difficile. Krukowiecki n’était pas encore au conseil ; mais aussitôt qu’il fut arrivé, il opina aussi pour le changement de généralissime : « Comme le plus ancien des généraux, dit-il, j’aurais pu accepter le commandement, s’il m’avait été confié au début de la campagne ; mais aujourd’hui je ne puis m’en charger. » Radziwill, se voyant ainsi blâmé par tous les généraux, donna à l’instant sa démission. Uminski revint sur sa proposition, qui fut vivement appuyée par Lubinski, et Skrzynecki fut à l’unanimité proclamé général en chef de l’armée. La diète s’empressa de confirmer ce choix ; mais on lui reprocha avec raison d’avoir confié au nouveau généralissime, colonel obscur avant le 29 novembre, le même pouvoir que la loi accordait à Radziwill, patriote éprouvé, et qui méritait la confiance de la nation par tous les actes de sa vie passée ; faute qu’au reste elle reconnut elle-même plus tard en limitant l’autorité de Skrzynecki.


Michel Podczaszynski.

Nous attendrons, pour suivre les événemens, que de nouveaux documens nous soient arrivés de Varsovie, et nous espérons qu’ils ne se feront pas attendre.