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LES CAPOZZOLI.
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Le deuil et la terreur y régnaient ; tous les agens de la police étaient en mouvement ; les gendarmes couvraient le pays, les gardes urbaines étaient sous les armes, la consternation dans les familles, et la liberté individuelle outragée.

Elle ne tarda pas à l’être dans ma personne. Mon isolement, ma manière de voyager éveillèrent les soupçons ; on me prit pour quelque carbonaro déguisé, et malgré un passeport signé du préfet de police de Naples, je fus arrêté dans un petit village près de Palinure, et conduit par deux gardes urbains au Vallo, chef-lieu de la sous-intendance.

Le sous-intendant me traita avec beaucoup d’égards, en ma qualité d’étranger ; toutefois il envoya mon passeport à l’intendant de Salerne, afin de prendre ses ordres. Après cinq jours d’attente, ils arrivèrent, et on me permit de continuer ma route en me traçant mon itinéraire. Cette petite aventure me valut une dénonciation en forme au marquis Intonto, ministre de la police générale, et il lança contre moi une circulaire qu’il pensa m’être fatale en Sicile quelques mois plus tard.

Les prisons du Vallo étaient pleines, et à chaque instant j’entendais les chaînes de nouveaux prisonniers qui passaient sous ma fenêtre. Les habitans n’y prenaient plus garde : il en passait tant ! Afin de les intimider davantage, le gouvernement avait imaginé un raffinement de barbarie qui n’est pas de ce siècle. Toutes les têtes tombées sur l’échafaud étaient exposées dans des cages de fer, de manière que les femmes et les enfans avaient sous les yeux la tête sanglante de leur mari et de leur père.

Le Vallo a plusieurs de ces affreux trophées ; il y en