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CONSTANTINOPLE EN 1831.

tinople, fondées avec nos moyens. Notre langue promet de devenir la langue de la cour.

Déjà, dans le dix-huitième siècle, l’artillerie était réorganisée par nos agens, et Bonaparte avait reçu l’autorisation du comité de salut public pour passer au service des Turcs. Les forteresses du Bosphore et des Dardanelles sont les ouvrages des ingénieurs français.

Des officiers de santé, sortis de nos armées, sont attachés aux hôpitaux turcs ; mais il est vrai que l’enseignement de la médecine est encore confié à un garçon barbier venu de Hongrie.

L’administration des finances a reçu des améliorations notables : un contrôle s’exerce sur les recettes et les dépenses, qui ont été séparées.

Le sultan a réussi aussi à modifier le style d’affaire des effendis. Ce style, dont il a donné le modèle, est devenu plus simple, plus précis. La chancellerie turque aura sa terminologie ; l’emphase orientale est mise de côté.

La réforme militaire marche avec nos conseils ; elle a quelquefois pourtant un caractère d’enfantillage. Les Turcs croient saisir la science en écoutant à nos portes ; ils veulent jouir de suite. Dans l’origine, ils pensaient que quelques conversations avec des officiers français leur donneraient une armée, et c’est avec le seul sous-officier Gaillard qu’ils essayèrent d’organiser soixante bataillons d’infanterie. Du reste, les soldats couchent dans leurs uniformes, les chevaux dans leur harnachement, et l’administration de l’armée coûte les deux tiers plus qu’en France.

En 1826, on rencontrait dans Constantinople une population grave, majestueuse, chargée de cachemires, de châles, de draps d’or, d’armes ciselées. L’effendi,