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FORMULE GÉNÉRALE DE L’HISTOIRE.

l’intelligence divine ; ses idées, des images dégradées, obscurcies des idées de Dieu ;

En lui tombèrent aussi quelques reflets du Verbe et de la parole éternelle ;

Par l’ensemble des facultés qui, dans son entendement borné, représentait le Verbe infini, il put agir sur les idées qui étaient en lui ; il put en faire une pensée, et manifester au dehors cette pensée par la parole.

Mais les idées nées avec lui, ce trésor qu’il portait dans son sein, lui demeurèrent d’abord cachées ; son organisation matérielle était comme un voile qui lui dérobait la vue de son être intellectuel.

Et ce fut seulement lorsque, pour ainsi dire, sous le toucher de la sensation, il laissa échapper des sons et des paroles, que dans ces sons et ces paroles il vit apparaître comme dans un miroir sa propre pensée ;

En venant au monde, il apportait donc la langue avec lui ; il parla, comme sous le souffle qui fait vibrer ses cordes, la harpe éolienne rend d’harmonieuses modulations.

Et si pour éviter une expression contestée, on ne veut pas dire que le langage fut révélé à l’homme, on peut dire au moins qu’il est inné en lui.

Y eut-il une ou plusieurs langues primitives ? Cette question n’est que secondaire, et rentre probablement dans celle-ci : Y eut-il sur la terre, à l’origine des âges, une seule ou plusieurs races d’hommes ?

Cependant la révélation que l’homme portait en lui-même lui apparaissant dans le langage,

Sa raison individuelle s’éveilla et se posa en quelque sorte en face de cette révélation ;

Elle agit sur les idées qui s’y trouvaient comprises, s’en empara, se les assimila.