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JÉRUSALEM.

beau de son fondateur. À la porte même du saint Sépulcre, on trouve assis le gouverneur turc et les gens de sa suite, recevant le tribut des pélerins ; on n’entend dans les rues que la voix du muezzin qui appelle les Musulmans à la prière, et de tous côtés on ne peut échapper à la vue du croissant de la mosquée d’Omar.

Une curiosité bien naturelle, un sentiment bien vif s’emparent alors du voyageur : c’est le désir de pénétrer dans cette enceinte redoutable, dans cet édifice mystérieux, construit sur le parvis d’un autre plus mystérieux encore, le temple de Salomon. Quelle fut donc notre satisfaction, de retour à notre logement, d’apprendre que notre drogman, M. Perry, avait obtenu d’un des gardiens de la mosquée de nous en procurer l’entrée pendant la nuit, à la faveur de notre costume turc, et en profitant du Ramasan, où les Turcs, fatigués du jeûne de la journée, ne sortent guère de leur maison après le coucher du soleil ; cet homme est mort depuis, ce qui nous permet de révéler le service qu’il nous rendit. Cette nouvelle, qui nous mit d’abord dans l’enchantement, se présenta bientôt à moi dans toutes ses conséquences ; il y a peine de mort pour tous les chrétiens qu’on aurait surpris dans ce lieu sacré, dont le grand-seigneur même ne peut accorder l’entrée. De terribles exemples avaient déjà eu lieu, et en différens temps, aucun voyageur, à l’exception d’Aly-Bey, n’avait tenté d’y pénétrer ; M. Bankes, voyageur anglais, y était entré un moment déguisé, et ayant à la porte son cheval pour se sauver. Poursuivi jusqu’à Jaffa, il eut le bonheur de s’embarquer avant d’avoir été atteint ; mais le couvent grec où il avait logé à Jérusalem fut mis à une forte amende à son sujet. Madame Belzoni s’y était glissée un moment pendant qu’on y