Page:Revue des Deux Mondes - 1831 - tome 2.djvu/44

Cette page a été validée par deux contributeurs.
34
VOYAGES.

Il paraît certain que, de temps immémorial, un pareil spectacle avait lieu dans plusieurs parties de l’Orient. Pausanias parle d’un feu spontané que les prêtres faisaient paraître dans un temple de la Lydie ; Aristote et Pline établissent le même fait en Macédoine et dans l’île de Tines ; Zosime, qui écrivait dans le ve siècle, parle de la lumière qui brillait à Héliopolis, aujourd’hui Balbec, le jour de la fête de Vénus. Il est des traditions, des croyances qui se transmettent ainsi à travers des cultes différens, et qui semblent se plaire plus particulièrement dans certains pays qu’ils considèrent comme leur terre natale. Celle-ci reparut au ixe siècle, et, suivant les voyageurs, elle subsista malgré la domination des Sarrasins ; elle y causa même un tel scandale au commencement du xie siècle, que le calife Hakim-Billah prit ce prétexte pour ordonner la destruction du saint Sépulcre. Elle lui survécut cependant, et le pape Urbain ii en fit encore un récit merveilleux au concile de Clermont, pour exciter les peuples à entreprendre la première croisade.

À l’exception de cette cérémonie ridicule, le culte grec, arménien et cophte ne manque pas de dignité et d’éclat. Le riche costume des patriarches et des prêtres qui les suivent, leur aspect vénérable, leurs chants singuliers présentent une variété de scènes qu’on ne trouve réunies que dans ce lieu, et à cette époque ; mais il est une observation qui se présente toujours à la pensée au milieu de ces chants, de ces prières des différentes sectes chrétiennes : c’est la fatalité qui les renferme dans l’étroite enceinte d’une église, et qui veut qu’un culte répandu jusqu’aux contrées les plus lointaines du monde possède à peine quelques toises carrées d’espace au lieu de son origine, près du tom-