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VOYAGES.

de bois magnifiques avec une très-bonne route, qui est la promenade à la mode.

J’étais encore à admirer le beau pays que j’avais devant les yeux, quand le capitaine Field revint à bord, et me dit que l’amiral m’invitait à dîner, et qu’il désirait me voir. Nous partîmes à midi, et, pour la première fois, je mis le pied sur la terre d’Amérique. Deux riflemen montaient la garde sur la cale, et une grande quantité d’officiers et d’aspirans s’y promenaient en se chauffant au soleil. Nous arrivâmes à la cour de l’arsenal, où je trouvai encore des soldats montant la garde ; et enfin nous entrâmes dans un pavillon très-élégant, qui était le bureau de l’amiral Ogle, commandant la station.

Après avoir parlé à deux ou trois secrétaires, je fus admis avec le capitaine dans le salon de l’amiral. Je le remerciai d’abord du passage qu’on avait bien voulu m’accorder sur un de ses bâtimens, et lui demandai si je pouvais aller d’Halifax à Québec par terre, car c’était principalement dans ce but que j’étais venu à la Nouvelle-Écosse. Il me répondit qu’il n’y avait pas encore de grande route, et que ce voyage, qui demande au moins huit jours, ne pouvait se faire qu’à cheval en partant de Fredericktown dans le Nouveau-Brunswick, à travers les forêts, sans la moindre habitation sur son chemin, avec plusieurs lacs à traverser. En outre, il était impossible d’y transporter aucun bagage. Il me proposa un autre moyen qui était d’aller par mer, de passer par le détroit de Canso, de remonter le long de la baie des Chaleurs, et après le Saint-Laurent ; mais c’était à cette saison un voyage hasardeux, très-long, et les bâtimens qui le font ordinairement ne m’offraient pas assez de sécurité pour que cela me tentât, car les naufrages dans ces parages