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VOYAGES.

On conçoit l’empressement que doit éprouver un voyageur à visiter les points importans de cette ville célèbre, mais ce qui excite plus vivement encore son intérêt, c’est d’observer l’impression que les traditions ont laissées parmi tant d’hommes de différens pays et de différentes croyances, dans un lieu si propre à frapper leur imagination. Le chrétien est là près du berceau et du sépulcre du Christ, en présence des prodiges de l’ancienne et de la nouvelle loi ; le juif sort de son humiliation à la vue des ruines du temple, la gloire de ses ancêtres et de la vallée de Josaphat, où reposent leurs cendres ; le musulman surtout, fier de dominer dans ces lieux célèbres, voit s’élever au-dessus d’eux le dôme d’une mosquée égale pour lui en sainteté, et supérieure en magnificence à la Caba de la Mèque, le philosophe enfin trouve ici de quoi méditer sur les arrêts du destin qui a voulu placer dans un lieu aussi aride, dans un si obscur réduit, l’événement qui a changé la face du monde et la scène de ces mystères qu’on révère dans la foi, qu’on respecte encore dans le doute.

Arrivés à Jérusalem le mercredi de la semaine sainte, nous nous bornâmes, pendant la journée du jeudi, à parcourir la ville et les environs, car ici les lieux sont les monumens, et ils seraient plus solennels, débarrassés des ornemens mesquins qui les déparent. Les événemens sont restés là plus grands que les hommes, et le sommet du Golgotha, dans ses nudités, serait plus imposant que les constructions informes du saint Sépulcre qui le couvrent, édifice détruit et rebâti tant de fois, et qui n’a plus ni la richesse de la basilique de Constantin, ni la régularité des églises modernes.

Il existe cependant à Jérusalem quelques monumens qui méritent un examen particulier sous les rapports de