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VOYAGES.

de traiter en leur faveur les conclusions des différens combats ; ce privilège leur était accordé sans difficulté.

Chaque coq, placé par son maître sur le théâtre du combat, avait une de ses pates armée d’un stylet acéré, préalablement examiné et sanctionné par les ministres-chefs de la cérémonie. Les combattans ainsi disposés, et convenablement appariés, commençaient la lutte au premier signal donné ; celui qui succombait était aussitôt remplacé par un autre, et ainsi de suite, jusqu’à ce que tous ceux destinés à combattre y eussent alternativement passé. Parmi le grand nombre de ces lutteurs opiniâtres, quatre seulement terrassèrent tous les autres ; c’étaient, à vrai dire, des animaux d’une taille et d’une force monstrueuses dans leur espèce.

Pour moi, la chose la plus curieuse de cette fête, à laquelle je ne pus rester étranger, fut d’observer ces figures, ordinairement si indifférentes, si apathiques ; il fallait voir l’enthousiasme, les éclats de joie des nombreux spectateurs à chaque lutte nouvelle. Les prêtres eux-mêmes partageaient cette gaîté générale.

Des combats analogues ont lieu dans tous les villages des environs de Manille, et en général, partout où il se trouve deux Malais réunis. Le plus grand bonheur dont ils puissent jouir est sans contredit celui de posséder un coq, fort, intelligent, et capable de lutter avec le premier venu de son espèce. Leur satisfaction est d’autant plus grande, que le combattant dont ils sont possesseurs a remporté plus de victoires.

Les Malais généralement aiment beaucoup la musique ; on trouve chez presque tous les villageois une espèce d’instrument en bambou, qui est surtout en faveur parmi les jeunes gens. Cet instrument n’est autre chose qu’un morceau de bambou rond, creux, d’envi-