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MANILLE.

qui habitent le littoral de la mer et les villes. Leur physique diffère également. J’ai vu dans l’intérieur des hommes fort beaux et bien constitués. Les femmes y sont en général belles et bien faites. Leur peau est délicate et unie, leurs yeux noirs et bien fendus, leur bouche petite : il est fâcheux qu’elles gâtent leurs dents par la mastication du bétel. Les enfans abondent dans les familles. On en voit fréquemment des réunions de cinquante à cent ; presque tous ont une jolie figure.

La principale culture du pays est toujours le riz. Les habitans labourent les terres qu’ils veulent ensemencer avec une charrue dont le soc est en bois, recouvert seulement d’une lame de fer très-légère. Cette charrue diffère des nôtres en ce qu’elle n’a point d’oreilles pour renverser la terre de droite et de gauche, et en ce que la plupart n’ont point de roues. Elle ne fait, à proprement parler, que remuer légèrement le sol. Un buffle attaché par le poitrail suffit pour la traîner. Le laboureur la dirige dans le sens qu’il veut, au moyen d’une cheville en fer, ronde ou carrée, qui passe à travers les narines du buffle. Cette cheville est percée aux deux extrémités, et reçoit de chaque côté un bout de corde qui sert de rênes au laboureur.

Les buffles servent dans ce pays à tous les transports, comme les bœufs dans quelques parties de la France. On les attèle à des chariots à roue en bois sans ferrure ; on charge même leur dos des fardeaux les plus pesans. Hommes, femmes et enfans les montent sans danger, et les conduisent partout. Cet animal, lorsqu’il est dressé à la domesticité, est d’une docilité parfaite. Il a le singulier instinct, pour se soustraire à l’influence de la chaleur et à la piqûre des nombreuses légions d’insectes, de se cacher tout entier sous l’eau, à l’exception seule