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VOYAGES.

corrégidor, un ordre par écrit pour que l’on m’accordât, dans tous les lieux que je visiterais, les hommes et les chevaux dont j’aurais besoin pour m’accompagner et porter mon bagage. Je me présentai moi-même chez le corrégidor pour lui remettre la recommandation de M. Tuason. Ce fonctionnaire, Espagnol de nation, m’accueillit avec beaucoup de bonté, et m’accorda au-delà de ce qu’on demandait pour moi. Il me donna un de ses sergens auquel il intima l’ordre de faire exécuter ce que je réclamerais en vertu de l’autorisation qu’il me remettait. Une manière aussi bienveillante de traiter les étrangers ne me laissa pas la possibilité de refuser le dîner qu’il m’offrit. Ce ne fut que le soir que je retournai chez M. Tuason, pour veiller aux autres préparatifs de départ. Mais, lorsque j’arrivai, tout était prêt, équipages et provisions. M. Tuason, qui, en sa qualité de colonel, avait des militaires à ses ordres, voulut aussi qu’un de ses sergens m’accompagnât, et le gouverneur me fit la galanterie de m’envoyer huit militaires à cheval, armés jusqu’aux dents, pour m’escorter.

Le 29 janvier 1820, je me mis en marche, suivi de ma nombreuse escorte, pour aller visiter la Cueva (caverne) de San-Matheo, située à environ dix lieues de Manille. Nous fûmes coucher le premier soir de notre voyage à Sienda, habitation appartenant à M. Tuason. Le lendemain matin, au point du jour, je fus sur pied et ordonnai les préparatifs du départ. En attendant que tout fût disposé, je fis une promenade aux environs de la maison. Placé à côté de la belle rivière qui traverse plus bas Manille, ce magnifique établissement est dans une situation vraiment délicieuse. Tout à l’entour s’étendent à perte de vue de vastes plaines de riz et de cannes à