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MANILLE.

peut-être est-ce un hevea. Les rotins, qui encombrent ces forêts, s’élèvent à une hauteur prodigieuse. Je cueillis quelques graines de chaque espèce que je semai aussitôt dans des caisses : je m’en procurai un grand nombre d’individus que j’ai laissés à Bourbon en passant, parce que le peu d’accroissement qu’ils avaient acquis me faisait craindre de les perdre en voulant les transporter plus loin.

En examinant la nature du sol que je parcourais, je ne pouvais m’étonner de la belle végétation qui, de toutes parts, frappait mes yeux ; on rencontre partout, et surtout dans les grands bois, une couche de terreau d’un pied et demi, deux pieds environ d’épaisseur, qui recouvre la racine des végétaux, et facilite puissamment leur développement, en accélérant la germination des graines. Le fond de ce sol est composé d’une bonne terre forte, de couleur jaunâtre, semblable à celle de nos terres à froment.

Je ne me lassais pas de parcourir dans tous les sens le sommet et les gorges des montagnes, les rochers au milieu desquels serpentent mille petits ruisseaux qui arrosent des tapis de bégonia, mêlés de besleria, de fougères, etc. La nature, dans ces heureux climats, est absolument dans toute sa force. Le feu ni la hache destructive n’exercent jamais leurs ravages sur cette vigoureuse végétation. L’arbre de haute futaie y élève sa tête majestueuse sans crainte d’attirer la main meurtrière du bûcheron ; la liane s’attache partout où elle se plaît le mieux ; l’art n’est point là pour prescrire des règles à son développement.

Après huit jours d’exploration dans ces sites montagneux, les deux chevaux qui m’accompagnaient avaient plus que leur charge des végétaux vivans que j’avais