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MANILLE.

terre fraîche des caisses dans lesquelles je fis reprendre ces végétaux vivans, afin de les conduire à bord des bâtimens, et de pouvoir les y conserver.

Je n’étais pas assez satisfait de mes herborisations dans ces parages pour m’en tenir là : je voulus pénétrer dans les montagnes ; elles se trouvent fort éloignées de Téralta, ce qui devait m’entraîner dans un voyage de plusieurs jours ; je jugeai donc à propos, avant de l’entreprendre, de retourner à Cavite pour donner quelques soins aux plantes que j’avais laissées à bord de la Durance et du Rhône. On commençait le désarmement de ces deux navires pour les réparer et les repeindre. Mes plantes ne se trouvaient guère bien dans tout ce remuement. Les personnes chargées d’y veiller n’y portaient aucune attention ; aussi la plupart de ces végétaux dépérissaient faute d’arrosement, et ma présence leur était indispensable : quelques jours plus tard, j’eusse vu disparaître le fruit de trente courses pénibles. À bord du Rhône, je ressuscitai presque tous mes sujets ; mais à bord de la Durance j’arrivai lorsqu’il n’y avait plus d’espoir. J’en fus plus affligé que surpris. Depuis le commandant jusqu’au dernier mousse, tout le monde paraissait embarrassé de ces collections, qui plus tard devaient faire la prospérité des colonies françaises et l’admiration des savans de l’Europe.

De retour à Téralta, M. Chapar, au lieu d’un guide, m’en donna deux, ayant chacun un cheval pour porter les collections que je devais former. Comme il m’était indispensable d’avoir un lieu quelconque dans les montagnes qui me servît de quartier-général, et où je pusse me reposer de mes fatigues, M. Chapar me recommanda au curé d’un village, qu’il connaissait particulièrement. Après avoir ainsi pris mes mesures, je